vendredi 15 novembre 2013

LYON DANS LA SOIE

1 cadre par couleur, c'est la technique du pochoir.
1 cadre par couleur par Patrick Janicek / Flickr (CC/By/2.0)
En novembre à Lyon, un voile de soie se déploie dans toute la ville. Avec des manifestations qui se succèdent et se répondent. Marché des Soies, festival Label Soie, exposition Hermès au Musée des Tissus, salon d'automne de la Mode Vintage et tout cela juste avant la célèbrissime Fête des Lumières du 6 au 9 décembre. C'est notamment dans les étoffes floues et chatoyantes, que la ville cultive son âme de toujours.

Le Marché de la Mode Vintage organisé depuis de nombreuses années au printemps inaugure cette année une version hiver et s'installe les 16 et 17 novembre à l'Espace Double Mixte à Villeurbanne. Avec un positionnement un peu évolué. Des exposants moins nombreux (une centaine), mais plus rigoureusement sélectionnés pour éviter le danger de tomber dans la friperie et en privilégiant le dressing de luxe . En cette période où le vêtement prend tout son sens avec l'hiver, la montagne et les cadeaux, les trésors du vintage à découvrir tourneront autour des produits mythiques des années 50 à 80.

Sur le chemin de la soie

La 3ème édition du Festival Label Soie du 15 novembre au 1er décembre aura alors tout juste débuté. Pilotée par les musées Gadagne, elle réunit tout ce qui, à Lyon, approche de près ou de loin le domaine de la soie et de ses métiers. Sans nostalgie d'un âge d'or qui serait désormais passé, puisque la soie à Lyon est de plus en plus présente et davantage encore qu'il y a 30 ou 40 ans. Bien au contraire, c'est l'innovation qui préside au déroulement de la centaine de manifestations organisées pendant cette quinzaine chatoyante. Expositions, ateliers, balades urbaines et shopping effréné.

Soieries Tassinari et Chatel.
Tassinari et Chatel. Voir la vidéo... (01:38)
La quinzaine se terminera en apothéose avec la 9ème édition du Marché des Soies qui investit comme chaque année le Palais du Commerce place de la Bourse du 28 novembre au 1er décembre. On vient de loin pour faire l'acquisition d'un carré, de cravates, étoles, foulards ou coupon à choisir sur les stands des grandes maisons de soieries, toutes présentes et quelque fois animées par les chefs d'entreprises eux-mêmes, passionnés à l'idée de raconter leur savoir-faire et de rencontrer un public tout acquis à ces belles pièces qui sont, pour certaines, les "chutes" qui ont été initialement choisies par les maisons de haute couture.

Des étoffes haute couture

Les amoureux de la soie et des soieries se donnent rendez-vous chaque année. La clientèle suisse toute proche et qui adore venir passer des week-ends à Lyon pour la gastronomie, le shopping et les expos sont, par exemple, fort bien représentés. Et ces amateurs fidèles qui se montent à 100.000 visiteurs en cumulé depuis que le Marché des Soies existe, se régalent de pouvoir choisir des étoffes chez de grands noms mondialement réputés comme Tassinari et Chatel, Cédric Brochier Soieries, Marc Rozier, Bianchini Férier

Reste que les organisateurs ont observé que certains clients qui ont eu un coup de cœur pour une belle pièce se retrouvent parfois désemparés au moment de l'utiliser. En plus des ateliers organisés chaque année, le Syndicat de la Couture Lyonnaise et sa présidente Catherine Brun, ont mis en place un service de personal shopper pour guider les acheteurs, les conseiller dans leur choix, leur donner des adresses pour apprendre à coudre et tailler, faire faire si besoin et tout ce qu'il faut pour obtenir le meilleur usage de leurs acquisitions.
Il est conseillé de s'inscrire pour être sûr (e) de pouvoir en profiter.

14 carrés de 140x140 cm seront exposés tout autour du marché. Ce sont les lauréats d'un concours initié par les étudiants de l'Université de la Mode. Ils ont mis les écoles de style lyonnaises à contribution pour créer ces modèles et stimuler la créativité des jeunes talents. Les maisons de soie lyonnaises qui sont à la fois fortement ancrées dans leur passé et tournées vers l'avenir sont souvent des PME d'une trentaine de personnes. A l'exception de l'une d'entre elles, terriblement discrète, mais incroyablement renommée.

Hermès au musée des Tissus

Fabrication d'un carré Hermes.
Carré Hermes. Voir la vidéo... (01:59)
Les sublimes carrés et les étoffes pour la Haute Couture sont créés et fabriqués, pour la plupart, dans des ateliers au cœur du Lyonnais et sont mis à l'honneur avec une exposition au Musée des Tissus "Fleurs et Papillons de Tissus". Jusqu'au 5 janvier 2014, elle raconte l'histoire de la naissance d'un des célèbres carrés dessiné par Christine Henry qui s'est inspirée des collections du Musée.

Les liens, en fils de soie qui attachent le musée fondé en 1856 pour "renouveler la création contemporaine grâce aux meilleurs exemples du passé" et la maison Hermès qui date de 1837 sont aussi étroits que solides. Le musée possède une des toutes premières collections de France de carrés de soie.
L'exposition présente le chemin de la création du carré et les 28 cadres d'impression qui ont été nécessaires pour transcrire toute la subtilité et la poésie des coloris et des motifs.

Créateurs de lumières

On peut dire aussi que ce nouvel essor de la soie stimulé par des créateurs lyonnais comme Max Chaoul et d'autres depuis, qu'il a d'ailleurs parfois formés, est à l'origine de la nouvelle dimension de la Fête des Lumières. Cette célébration religieuse qui prend ses racines dans la gratitude des Lyonnais vis à vis de Notre-Dame de Fourvière pour avoir répondu à leurs prières en éloignant la peste de la ville, se manifestait avec les lumignons éclairés dans toute la ville le 8 décembre. Elle a ensuite évolué et donné naissance à la fête que l'on sait, célèbre désormais dans le monde entier.

En cheville ouvrière au début des années 80, c'est une poignée de commerçants et créateurs de mode emmenés par Max et Clémentine qui ont rivalisé de talent chaque 8 décembre et élaboré des vitrines toutes plus féeriques les unes que les autres. La Fête des Lumières, dans une dimension plus profane et fastueuse, était née. Cette année encore, elle sera, entre le 6 et le 9 décembre un modèle pour les programmes d'illuminations qui sont de plus en plus nombreux dans toutes les villes du monde.

Mapping de Damien Fontaine sur la Cathédrale Saint Jean de Lyon.
Damien Fontaine. Voir la vidéo... (11:19)
Après avoir investi le nouveau quartier de la Confluence l'an passé, elle illumine les voûtes de Perrache avec 27 fenêtres ouvertes sur le rêve et le voyage; remonte vers la Presqu'île qui reste illuminée pendant tout le mois de décembre et convoque les créateurs de lumières les plus prestigieux, lesquels ne manqueraient le rendez-vous avec Lyon pour rien au monde.

C'est Jean Charles de Castelbajac qui occupera la cour de l'hôtel de Ville et carte blanche sera donnée au désormais incontournable Damien Fontaine pour illuminer la place des Terreaux. Il est sans doute un des plus illustres dans sa catégorie et aussi le plus demandé. Ses illuminations récentes du Bolchoï avec toute l'équipe de la Fête des Lumières restera inscrite dans les mémoires.

Evidemment, le tout neuf tunnel de la Croix Rousse sera inauguré en lumière et, tout près, le parc de la Tête d'Or accueille le Chinese Corner de Li LI et la ville de Canton. C'est le Mexique et ses marionnettes géantes qui prend la suite du Japon et de l'Inde pour défiler dans les rues de la ville. Quant aux Lumignons du Cœur, ils ont choisi Les Petits Frères des Pauvres dont on célèbre les 60 ans le 8 décembre comme association caritative bénéficiaire de cette édition.


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