mercredi 26 octobre 2011

NATURE COMTOISE EN VERT ET BLANC



A l'heure qu'il est, en Franche-Comté la nature reste encore verte. Avec les touches fauves des arbres qui perdent leurs feuilles. Mais au petit matin, elle s'habitue doucement à entrer dans l'hiver.
Dans les champs et les prés dans lesquels les vaches montbéliardes, grandes laitières devant l'éternel, ne se couchent plus guère qu'au chaud soleil de l'après-midi, le givre des petits matins frisquets s'installe désormais tous les jours.

Quand on parle de Franche-Comté, on a envie de raconter le Jura, ses lacs, ses vins et ses étendues enneigées tôt dans la saison. Mais il ne faut pas oublier le Doubs, très fier de compter parmi les siennes, Mouthe, la commune la plus fraîche (c'est un euphémisme...) de France qui surveille son thermomètre sous abri dans l'attente - gourmande - , de battre chaque matin, les records nationaux en matière de températures négatives.

La Franche-Comté, c'est d'abord Besançon dans le Doubs, la capitale régionale et sa citadelle construite par Vauban et inscrite au Patrimoine de l'Humanité de l'Unesco; la Haute Saône et ses Mille Etangs, mais surtout berceau de la fameuse cancoillotte et le tout petit territoire rebelle de Belfort, symbolisé par le lion de Bartholdi, l'animal de compagnie de la statue de la Liberté signée du même artiste à New York.

Dans un peu plus d'un mois (le 11 décembre exactement), Besançon sera reliée à Paris par le TGV en 2 petites heures. Inutile de dire que là-bas, on est prêt. Pas question pour le train à grande vitesse de louper les horaires, il sera surveillé par l'horloge construite par Philippe Lebru, devenu horloger symbolique et qui a travaillé dans le respect des traditions locales.

Pour en savoir davantage sur Besançon, capitale horlogère de grande réputation, les montres et le temps, il suffit de faire une visite au musée éponyme installé dans le palais Granvelle qui date du XVIème siècle et dont les collections sont particulièrement riches. En montres bijoux, mais aussi en meubles d'époque et en tapisseries monumentales qui racontent la vie de Charles Quint. Ne pas manquer non plus le pendule de Foucault qui oscille toujours dans le même axe depuis le haut du grand escalier.

A Besançon aussi et pour sacrifier à la mode du tourisme urbain, on visitera la vieille ville avec un temps d'arrêt au bout de la Grand Rue où naquit Victor Hugo, mais aussi les frères Lumière, avant de s'illustrer à Lyon en inventant le cinéma, et Joseph Proud'hon, le philosophe. Pasteur, lui, est natif d'Arbois dans le Jura. La région a son lot de célébrités.

On retiendra aussi Courbet inspiré par la Loue à Ornans où il a son musée. Quant à Colette, quand elle passait ses vacances aux Monts-Boucons, c'était un choix du coeur.
Une chambre d'hôtes baptisée "La Retraite Sentimentale" comme le titre de son roman, s'est installée au pied de son château.

Il faut se dépêcher de se rendre au Château de Joux qui ferme le 15 novembre pour l'hiver, pour visiter cet imposant château fort dans lequel Berthe de Joux a usé ses yeux à pleurer. Enfermée dans un minuscule cachot par un époux revenu des croisades, alors qu'on le croyait mort et qui n'avait pas supporté d'être remplacé (on peut comprendre, mais quelle cruauté!). Il obligeait la malheureuse à regarder tous les jours le corps de son amant pendu au bout d'une corde jusqu'à ce qu'il s'en détache.

Tout près de là et au moins aussi séduisant l'hiver dans les brumes que l'été sous le soleil rasant, il y a le lac de Saint Point et ses deux hôtels restaurants très différents dans leur style, mais à fréquenter sans modération. Le Bon Accueil de Marc Faivre qui revisite les spécialités régionales à sa manière (la tarte fine à la Morteau, le bouillon d'escargots à l'ail doux et la féra sauvage du Léman à l'absinthe de Pontarlier...) et la famille Chauvin de l'Hôtel du Lac qui se distingue par sa cuisine régionale et les glaces Bertillon livrées régulièrement (c'est une fille de la famille qui s'est mariée avec un fils du glacier).

Dès que décembre pointe le bout de son nez, tous les amateurs de randonnée et de grand air pur qui raffolent du site des sources du Lison et de celles de la Loue à la belle saison, chaussent skis de fond et raquettes pour parcourir les grandes étendues glacées. Ce qui ne les empêchent pas de s'installer dans un endroit délicieux, le gîte "Les Iles du Lison" où l'on est soucieux d'aider les touristes à découvrir la région en leur fournissant le maximum de renseignements.

Dans le Doubs, on est très fier d'avoir servi de cadre à de nombreux grands films. On vous citera la ferme des Miroirs où s'est déroulé de tournage des "Granges Brûlées" de Jean Chapot avec Delon et Signoret qui allaient rejoindre Paul Crauchet, dans le rôle du juge, à la Brasserie de la Poste de Pontarlier. Lelouch a tourné les "Misérables du XXème siècle" au fort du Larmont et, plus récemment, "Poupoupidou" de Gérald Hustache-Mathieu, l'histoire d'une Maryline jurassienne jouée par Sophie Quinton et tourné à Mouthe, Métabief et les Tours.

A Noël, la région s'anime. Marchés de Noël comme un peu partout désormais, mais avec une mention spéciale pour la 25ème édition des Lumières de Noël de Montbéliard entre le 26 novembre et le 24 décembre. C'est le Pays Basque français qui est l'invité cette année de cette manifestation de grande tenue.

Aux Rousses, la 5ème édition du Festival du Film Polaire se déroule du 15 au 31 décembre. A 2 pas de la Suisse à vol d'oiseau, on y développe la culture polaire avec "Laponia Dream" à La Pesse, un concept unique en France et le Centre polaire Paul Emile Victor qui propose, dans les montagnes du Jura, des stages pour les amateurs d'expéditions polaires qui partent dans le Grand Nord ou au Canada. Il devrait être remplacé en 2014 par l'Espace des Mondes Polaires, une formule encore plus élaborée, au cœur du village de Prémanon.

Evidemment, une région où l'hiver règne en maître sait préparer des nourritures qui tiennent au corps. On est ici au pays du comté, inventé pour conserver, sous forme d'un fromage résistant, le lait des traites estivales, que l'on pouvait ainsi consommer l'hiver. Les caves du Fort des Rousses et leurs 50.000m2 de caves voûtées valent la visite et au Fort Saint Antoine, on affine le fameux comté Marcel Petite dont une consoeur parisienne m'assurait qu'il fallait en réclamer à son crémier parisien pour bénéficier de sa considération.

A Arbois, petite ville où l'on sait ce que bien manger signifie, le chocolatier Hirsinger jouit d'une réputation qui s'étend au-delà des frontières et jusqu'au Japon. Moins célèbre et au moins aussi doué, Arnaud Pelen, 4ème génération de chocolatiers à Lons-le-Saunier est plus classique (mais à certains moments qui s'en plaindrait...). Ce professionnel accompli est le roi du praliné dit "à froid" comme on n'en fait plus guère et il broie lui-même ses fèves de cacao. Comme Bernachon à Lyon, Bonnat à Voiron, Pralus à Roanne, mais personne ne le sait.

Evidemment, il y a aussi les étonnants vins du Jura dont on ne se lasse (avec modération disent-ils) ni l'hiver, ni l'été, ni au printemps, avec les morilles quand vient le temps de retourner au bord des lacs de Chalain et de Vouglans pour profiter des joies du camping et des ressources de l'hôtellerie de plein air tout de suite après Pâques.

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