mercredi 18 mai 2011

SAINT TROP' EN PERSPECTIVE



Dans la vie, il y a des hauts et des bas... Durant les années 30, "la Résidence" aux Issambres (83 - Var), cette superbe villa qui offre une vue plongeante et au-delà sur le golfe de Saint Tropez, accueillait les célébrités, Les "happy-fews", les milliardaires, les vedettes de cinéma comme Maurice Chevalier, Tino Rossi, Michèle Morgan. Ils venaient avec leurs limousines et les chauffeurs dormaient au dessus des garages. Mais, comme le chante Aznavour, il s'agit d'un temps "que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ".

Les touristes fortunés ont une caractéristique commune, ils changent d'avis et de villégiature, comme ça, sans prévenir, au gré des modes. Désormais, ils sont de l'autre côté de la baie, à Saint Tropez ou hors du Var, à Cannes au moment où j'écris ces lignes et ils montent les plus célèbres marches du 7ème art.

N'empêche que la situation, la vue et le parc de la villa qui s'appelle désormais "le Val d'Esquières " (le nom provençal du vallon des écureuils - on en croise...) reste toujours aussi séduisante. Mais quand le lieu a été racheté en 1976 par les Mutuelles de la Drôme et de l'Ardèche, il a certes retrouvé une vocation touristique, mais n'a pas forcément renoué avec son statut prestigieux.

Depuis une poignée d'années, la société rebaptisée Vacanciel et qui espère, en multipliant les propositions de séjours très alléchantes conquérir à terme jusqu'à 25% de clientèle CSP+ comme on dit, sait très bien quel trésor elle a entre les mains et tout le potentiel du Val d'Esquières.

De la terrasse des chambres familiales, on aperçoit le village de pêcheur préféré des stars et, plutôt que de sauter dans la voiture pour couvrir en plusieurs heures d'embouteillages, la poignée de kilomètres qui sépare les Issambres de Saint Tropez, on emprunte les Bateaux Verts que l'on trouve au bout de la jetée bien cachés par les Rivas des milliardaires.

Côte d'Azur: Saint-Tropez from Ralph Audörsch on Vimeo.

L'on peut ainsi pour moins de 15 euros l'aller-retour, faire le tour des restaurants, des boutiques de luxe et se rendre au marché de la place des Lices, dont on vous dira qu'il vaut pour ses étals de fruits et légumes du soleil, de poissons tout frais pêchés, de pan bagna joufflus et de tartes tropéziennes des pâtissiers locaux. Mais il faut surtout s'y rendre pour les carrés de soie fabriqués en Italie, les sacs, ceintures et autres pièces de maroquinerie qui viennent de la péninsule et proposés à des prix sans concurrence.

Au Val d'Esquières, on se voit aussi proposer des soirées à Saint Tropez toujours par la mer. En smoking et robe longue pourquoi pas ou plus simplement en tenue d'été. Ce qui compte, c'est que ça scintille !

Autre choix, en plus des animations très nombreuses pour les enfants de 3 mois à 17 ans (ils sont plus de 250 en plein été, de quoi se faire des copains…), la possibilité d'une balade sur le voilier de 14m de Lionel, qui vous confie la barre pendant qu'il raconte le golfe à son idée. Ce marin passionné connaît remarquablement bien ses rivages. Il sait tout ce qui s'y passe et même s'il reste discret sur ses engagements pour la cause animale par exemple, on sent qu'il est digne de confiance et à mille lieux du bling-bling qui l'entoure.

Au Val d'Esquières toujours, la possibilité de se rendre au Centre Thalgo pour un soin-soin réparateur. L'institut sert d'application pour les produits élaborés dans la région et c'est le seul parmi ceux qui la distribue qui appartienne à la marque. Plus simple enfin, mais tout aussi réjouissant, la plage, de l'autre côté de la Nationale encombrée tout l'été, mais que l'on rejoint par un tunnel piéton.

La grande villa est un des fleurons du groupe qui se glisse dans la place laissée par le Club Med qui a déserté les rivages de la Méditerranée en France et abandonné la clientèle middle class pour se tourner vers de nouveaux GM plus aisés pour ne pas dire carrément riches.

Pour gagner cette belle clientèle de cadres, commerçants, entreprenants, au demeurant exigeante, Vacanciel met les bouchées doubles. Avec la rénovation constante de ses sites pour en améliorer le confort en permanence et de multiples produits en option. Vélo, randonnées, visites du patrimoine dans l'arrière pays à Roquebrune-sur-Argens où il existe aussi un Club Vacanciel, très nature et totalement au calme, mais qui bénéficie aussi des ressources de la plage pourvu que l'on parcoure les quelques kilomètres qui le sépare des Issambres.

Le groupe organise aussi des semaines thématiques comme le Country d'Azur à Carqueiranne et le Country d'Armor en Bretagne, des séjours festifs et créatifs pour les enfants comme pour les adultes, des séjours combinés croisières, direction la Méditerranée ou la mer Tyrrhénienne à bord du Costa Marina ou du MSC Sinfonia au départ des clubs des bords de la Méditerranée comme les Issambres, Carqueiranne, Roquebrune et Menton, et même des courts séjours hors saison pour les Parisiens, Lyonnais, Marseillais et autres citadins stressés qui se verraient bien profiter des charmes de Saint Tropez à la fin du printemps et au début de l'automne.

lundi 9 mai 2011

DANS LES MALLES DE L'HISTOIRE



Malles de théâtre, réserves de musées... Quoi de plus excitant que de fouiller les greniers! Et de porter ensuite les robes et costumes dénichés, surtout si on les a trouvés dans une maison de famille et qu'il n'appartiennent pas au patrimoine historique, auquel cas, il y aurait évidemment sacrilège.

Ainsi, les costumes proposés à la location pour le grand bal costumé et le déjeuner sur l'herbe du lendemain les 21 et 22 mai au château de Vaux-le-Vicomte (à 1h de Paris) sont naturellement des copies.

Mais c'est un vrai bonheur que de traverser la Cour d'Honneur en direction du Grand Salon - une pièce de réception unique dans l'histoire de l'architecture française - pour rejoindre le dîner servi sur la terrasse des Communs avec capes, perruques, robes à panier et éventails en écoutant les musiciens des "Fêtes Baroques " jouer du clavecin.

Il est désormais courant d'habiller les enfants en princes et princesses pour les aider à s'impliquer dans les visites de châteaux et l'on se passionne pour les étoffes et costumes, témoins des temps anciens au moins autant et sinon plus que les meubles et pièces d'architecture.

Au château de Langeais, les enfants sont invités à essayer des costumes reconstitués, pourpoints, dogalines, vertugades et basquines pendant la période de Noël, mais on y organise aussi des visites du château avec des comédiens. Anne de Bretagne raconte son mariage avec Charles VIII tous les jeudis de l'été. Et là aussi, l'habit fait le moine.

Il y a longtemps déjà que Dorothée Lécrivain assistante de conservation et Marie Schoefer, responsable de l'atelier de restauration du Musée des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon, le plus grand musée au monde dans sa catégorie, voulaient présenter les robes et costumes de cour qui dormaient dans les réserves. Mais il leur a fallu convaincre. Car tissu n'est pas costume. Une fois passé au stade de l'habillement, il change de nature.

N'empêche, elles ont obtenu gain de cause et l'exposition "Si le XVIIIe Siècle m'était conté, costumes d'exception " qui dure jusqu'au 2 octobre au Musée des Tissus de Lyon est un véritable bijou. L'époque est passionnante, parce que, contrairement à ce que l'on pourrait penser de Versailles et de ses fastes, ceux-ci ont bien pâli à la fin du règne de Louis XIV. Madame de Maintenon a fait entrer l'austérité à la cour du roi Soleil et si Louis XV fut aussitôt baptisé le Bien-aimé, c'est aussi parce que son avènement est libérateur. Les pastels et teintes gaies prennent la place des tissus lourds et des couleurs austères, les dames portent robes volantes et paniers, dentelles blondes et broderies aquarellées, les marchandes de mode ouvrent la voie à l'apothéose de Rose Bertin qui sera celle de Marie-Antoinette.

L'exposition donne à voir des dessins de broderies et de tissage, toutes pièces d'atelier et la présentation des costumes, vestes d'hommes tissées, robes à paniers "aussi lourde qu'une armure " comme l'avait constaté un gentilhomme en soupesant une fastueuse robe de mariée, alterne avec des mises en scène qui reconstituent la vie de la noblesse et de la bourgeoisie d'époque. Le salon de musique, le métier à broder de Madame de Pompadour, le jardin et sa chaise à porteur, le salon de collation pour prendre le thé et le chocolat. Toutes ces mises en scène ont emprunté au mobilier du musée des Arts Décoratifs.

Parmi les pièces rares de l'exposition, il y a le costume d'homme dit "de l'ordre du Saint Esprit " le plus précieux en dehors de celui de Charles de Blois qui figure dans les collections permanentes du musée, une robe d'enfant Jésus particulièrement précieuse, de fabuleux bijoux qui figurent sur les pièces d'estomac. Evidemment certaines pièces ont une histoire largement postérieure à leur création, comme cette robe qu'une belle des années 60 avait demandé à une couturière de transformer pour aller au bal et que cette dernière a sauvée en évitant de tailler dans le tissu parce qu'elle avait deviné qu'elle avait un trésor entre les mains.

A deux pas de Lyon et à ne pas manquer sur la route de Grenoble ou Chambéry, "Plumes, motif, mode & spectacle " est une exposition proposée par le très dynamique musée de Bourgoin Jallieu jusqu'au 23 octobre. Au service des ennoblisseurs de la région et des oeuvres d'art qu'ils ont exécutées sur les tissus et qui constitue le fond de ses collections, le musée raconte les différentes utilisations de la plume dans le monde de la mode et du spectacle de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours.

On y découvre que les plumes ornaient - empanachaient - surtout chapeaux et costumes masculins en ce sens qu'elles étaient symbole de richesse et de pouvoir. Elles ont évolué ensuite sur les tenues des dames et l'on retrouve là encore l'influence de la cour de Marie-Antoinette.

Le musée de Bourgoin Jallieu s'est fait prêter des robes, costumes et autres pièces emplumées par Givenchy, Lanvin, Hermès, une robe de mariée noire de Voriag et autres modèles de créateurs. On y voit des costumes de danseuses du Moulin Rouge et on découvre l'armature pour soutenir les "trucs en plume " joliment appelée "gabrielle "; un tutu de cygne noir, des ouvrages d'art de la plumassière Nelly Saulnier et des maisons Février et Lesage. Autant de prétextes de faire un détour sur l'autoroute des Alpes pour y découvrir le formidable travail d'un musée qui revendique d'avoir présenté des robes de Madame Grès en 2005, bien avant l'exposition qui se tient au musée de la Mode à Paris jusqu'au 24 juillet.