samedi 18 septembre 2010

PILAT (ES)



En descendant, début juillet, le long du sentier de randonnée qui retourne à Chavanay dans la vallée et au bord du Rhône, les abricots jonchaient les bords du chemin. Si mûrs sur les arbres qui les portaient et pliaient sous leur poids qu'ils ne pouvaient s'empêcher de rouler sous nos pas. On s'est régalés, même si, gorgés de soleil, ils étaient un peu chauds et risquaient de nous faire mal au ventre comme aux gamins chapardeurs. En cette saison d'automne, ce sont les noisettes et les champignons qui souffleront "Mangez-moi" aux oreilles des promeneurs.
Les pommes aussi dont le massif du Pilat est le terrain de prédilection... Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de piller les vergers. Mais personne ne vous défendra de croquer dans une pomme "de route", un peu tapée, un peu tordue, juteuse et savoureuse à tomber.

Le Parc Régional Naturel du Pilat, pour les gens de Saint Etienne et de Lyon, est à portée de la main. Et aussi à celle des amateurs de séjours automnaux quand la rentrée des autres est faite et qu'ils peuvent profiter, sinon des soirées longues, du moins de la lumière dorée et de la rousseur de la saison. Et surtout de belles journées pour pratiquer la randonnée, le VTT, l'escalade et même la via ferrata. Le Pilat à la place du Pilates, moins cher, et oxygène en prime!

Le Nord est à la mode. Les grosses chaleurs de l'été (bien qu'il n'y ait pas eu vraiment de canicule depuis 2003) ont orienté les vacanciers vers une campagne plus fraîche. La Loire et le sud de la Bourgogne bénéficient de ce nouvel état d'esprit. Crise aidant, mais aussi lassitude face aux délais d'embarquement et aux mesures de sécurité des engins volants, les nouvelles destinations qui font fureur sont celles de proximité. Pour justifier leurs séjours dans les Hamptons (plusieurs heures de route quand même), les New-Yorkais, qui ont toujours une longueur d'avance, avoue raffoler des "stay cations", les vacances (vacations) en restant (stay) chez soi ou tout près.

D'où la folie parisienne pour la baie de Somme. Il suffit, à cet égard, de suivre le journal de Jean Pierre Pernaut et on connaît sur le bout du doigt toutes les ressources de la région dont il est originaire!

Le formidable massif du Pilat, dont la première des qualités est d'offrir à chaque détour une vue suffocante sur les Alpes par temps clair, se range dans la même droite ligne. Pourtant, il a souffert, ces dernières années, d'une réputation de ringardise. Parce que ses qualités naturelles n'étaient pas assez mises en valeur. Que les infrastructures manquaient d'attrait. Depuis, de gros efforts ont été faits. Il était temps!

La balade en vaut la peine. Les virages s'enchaînent sec de Chavanay sur les bords du Rhône jusqu'à Pélussin. En fait, on passe de 200m à 1400m en 20km, vous dira-t-on à la Maison du Parc nichée dans un endroit ravissant autour d'un moulin dans la ville principale. On comprend mieux pourquoi, on a le sentiment en prenant les épingles à cheveux, d'escalader la montagne corse.

Se rendre à Pélussin, c'est un peu comme se diriger vers Corte. C'est juste un peu moins sauvage, mais pas beaucoup. Un peu plus loin, on atteint l'Auberge de la Rossagny pour un casse-croûte pas trop cher ou un beau plat de grenouilles sous la tonnelle aux beaux jours avec les Alpes en toile de fond et le lapin du voisin, échappé de son clapier qui joue bien malgré lui avec les enfants.

Comme dans l'Ile de Beauté les chemins de randonnée sont nombreux, très bien fléchés et le GR 65 qui longe la Chapelle du Calvaire sur les hauts de Chavanay est fréquenté par les pèlerins de Compostelle. Tout le long, des coquilles Saint Jacques gravées ou dessinées vous confirment que vous êtes sur le bon chemin.

La pause est réjouissante chez les viticulteurs et tous les producteurs de fruits, confitures et charcuteries qui se sont regroupés pour proposer des haltes gourmandes. Un petit fascicule "Saveurs du Pilat" que l'on peut se procurer à la Maison du Parc rassemble les plus sincères d'entre eux.

On découvre que l'une des spécialités de la commune de Marlhes, c'est le foie gras. "Aux fruits du Pilat", la famille Tranchand qui produit cerises, poires, pommes et jus de fruits propose une visite gratuite des étapes de conditionnement des pommes. Ce qui permet ensuite de pousser jusqu'au village médiéval de Malleval. Et si l'on passe sur le marché du Chambon Feugerolles le mercredi, une halte va s'imposer auprès de l'étal de la Ferme Margot qui propose ses jambonnettes, griattons et saucissons séchés à 930m d'altitude. on peut aussi aller directement à leur rencontre sur place à Saint Genest-Malifaux pour s'approvisionner.

Dans la vallée, c'est le domaine des plus prestigieux des Côtes du Rhône. Côte Rôtie, Condrieu et Saint Joseph se sont décidés à faire découvrir les joies de l'oenotourisme aux amateurs. Pour les déguster avec une belle côte de boeuf et dans une ambiance particulièrement sympa, on se rendra au Bistrot de Serine, racheté en copropriété par de prestigieux vignerons du coin qui proposent leurs vins et ceux de leurs voisins au verre.

vendredi 10 septembre 2010

MÉLANGE DES GENRES...



Quand ma fille était ado et qu'elle me faisait jurer que, pendant les vacances, elle rencontrerait plein de copains qu'elle n'oublierait jamais par la suite, je mettais toutes les chances de mon côté en réservant un séjour au Club Med, sûre que, parmi les quelques 900 GM (voire davantage...) présents sur le site, il y aurait bien une vingtaine de jeunes de son âge avec lesquels elle passerait une bonne semaine. C'était il y a moins de 10 ans... Les choses ont, depuis, évolué à une vitesse folle... Le Club Med a rénové la plupart de ses villages, tordu le cou à ses 2 tridents et organisé une montée en gamme irréversible qui ne lui a pas fait que des amis.

Capital.fr qui ne lâche guère l'entreprise emblématique du tourisme à la française dirigée par Henri Giscard d'Estaing se fait l'écho des difficultés du groupe pour opérer sa mutation. Davantage de clients aisés et qui n'ont pas peur d'acheter des semaines au prix fort pourvu que l'hôtel (on dit de moins en moins le village) soit très, très confortable et même carrément luxueux et que la présence d'un Spa de haut niveau soit assurée.

Le résultat, c'est que, même si les objectifs commencent à être atteints, le Club Med a perdu pas mal de ses clients des classes moyennes et ils n'ont pas encore été remplacés. Du point de vue du GM consommateur, ça se passe comment? Même si l'on casse sa tirelire et que l'on accepte de renoncer au tutoiement, aux bungalows et au collier bar, on ne se retrouve pas à passer ses vacances avec la même population. On prenait déjà des risques à retourner dans un village 2 années de suite quand le Chef de Village avait changé (c'est vraiment lui qui donne le ton). Mais maintenant, c'est carrément l'aventure.

Pour m'être rendue 3 fois à Peisey Vallandry (73 - Savoie) depuis son ouverture en 2006, je peux dire que je n'ai jamais été déçue. Et pourtant j'avais entendu pis que pendre au sujet de certaines semaines d'hiver dont la clientèle était - comment dire, en restant politiquement correcte - disons très communautaire. Imaginez, sur un établissement qui peut accueillir vers 700 personnes sur une semaine, environ 400 Russes qui ont leurs habitudes et leur fonctionnement et une communauté de quelques 200 personnes aux pratiques religieuses très exigeantes et qui prennent toute la place.

Tolérance certes, mais quand il s'agit des vacances, le bien le plus précieux des Français, une semaine pourrie par ceux qui ne savent pas rester discrets, ça vous mine. Demandez à Courchevel, ce qu'en pense certains hôteliers. Autant s'y faire d'ailleurs, ce sont eux, nos amis de l'Est qui "sauveront" la France touristique de la crise en venant la visiter de plus en plus nombreux. Et puis, tous ne posent pas leur calibre sur la table du petit-déjeuner à côté de leur tasse, tous ne balance pas leur assiette à travers la pièce parce que son contenu n'est pas assez chaud. Il en est des habitants de l'ex-URSS comme des autres. "A plus de 4", chantait Brassens, "on est une bande de cons". Alors 400, pensez!

Les choses ne se passent pas du tout de la même façon en été à la montagne.
La clientèle est très respectueuse de la nature. Un accompagnateur nous confiait qu'au mois de mai, après la fonte des neiges, les bouteilles de coca, les sacs plastiques et autres cochonneries laissées par les amateurs de sports d'hiver glissaient jusque dans la vallée. En été, les randonneurs, ont plutôt tendance à ramasser les déchets des autres pour les jeter à la poubelle. Pour passer de bonnes vacances, donc, repérer les bonnes dates. Juste avant Noël et en mars en hiver en fuyant janvier et, si possible, les vacances scolaires de tout le monde.

Un des secrets du délicieux village hôtel de Peisey Vallandry, c'est aussi une situation magnifique en plein parc de la Vanoise, des chambres très confortables qui n'obligent pas à s'entasser dans les parties communes quand on rentre d'excursion ou d'une journée sur les pistes et bien entendu un personnel formidable. De jeunes GO qui mettent leur énergie à la disposition de leurs clients et guettent le moindre de leurs désirs. Ils sont emmenés en ce moment par un jeune chef de village qui n'a même pas 35 ans. Et pour ce que j'en sais, David Meyer devrait encore rester pour la saison d'hiver.

Le Club Med a déserté l'Espagne et la Côte d'Azur. En France, il se concentre sur les Alpes avec des villages à Chamonix, la Plagne, Méribel (3 sites), Val d'Isère, Tignes... La première pierre du nouveau village de Valmorel (73 - Savoie) a été posée le 2 juillet et le village 4 tridents avec une aile de 24 suites 5 tridents devrait être inaugurée en décembre 2011 avec ouverture l'été comme Peisey Vallandry. Le Club Med comme d'autres savent bien que la région Rhône-Alpes reste la première destination touristique mondiale en hiver. C'est là qu'il faut être...

Tous ceux qui préféreront le soleil au ski profiteront des croisières à bord du M/S Legacy (5 étoiles Deluxe) entre l'Egypte et la mer Rouge avec une croisière musicale et les Solistes Français du 6 au 13 novembre ou encore la découverte du nouveau village de Sinai Bay.

Pour passer de bonnes vacances, il faut savoir surfer. Non pas sur les vagues avec une planche, mais sur les destinations et les saisons. Autrefois, il y avait, pour tous ceux qui ne séjournaient pas chez les parents et amis, le choix entre le camping et l'hôtel. Tout a évolué, les hôtels ont du souci à se faire s'ils n'ont pas fait l'effort de s'adapter et de proposer, comme nos amis de l'Hôtel Beauregard à la Clusaz et beaucoup d'autres, des activités en plus du séjour pour que les clients trouvent de quoi s'occuper et passer de bonnes vacances.

Chambres d'hôtes, gîtes et hôtellerie de plein air ont multiplié l'offre touristique. La demande n'a pas évolué aussi vite. Certains touristes exigeants et soucieux de leur confort se sont détournés des vacances à l'hôtel et tentent désormais l'hôtellerie de plein air de luxe. Et pas seulement pour une question de budget. Un établissement comme le Domaine de Massereau dans le Gard qui vient de recevoir ses 5 étoiles, mérite qu'on s'y intéresse. Le goût de la chaîne des Castels dont il fait partie pour les beaux endroits et le respect du patrimoine fait la différence.

Reste, et le problème est entier, la clientèle qu'il va falloir fréquenter. On peut toujours décourager Jacky et son pastaga et réaménager l'emplacement 17 en y construisant un bungalow élégant et confortable, mais rien ne dit que toute la bande n'aura pas fait des efforts pour continuer à s'approprier les lieux et mettre les nouveaux arrivants dans le moule. A moins qu'une nouvelle clientèle, plus bling-bling et pas plus discrète ne soit en train d'assurer la relève. On appelle ça vivre ensemble et ce n'est pas toujours facile...