mardi 10 août 2010

CONFITURE DE FRAISES



Pour faire la différence et attirer le chaland, une seule solution: proposer de l'insolite, de l'inédit, du pas vu, de l'original en somme. C'est ainsi que, depuis quelques années, on construit des cabanes dans les arbres, des yourtes mongoliennes et des roulottes gitanes dans les cours de ferme, les campings et les gîtes. Personne n'a encore pensé à copier un authentique camp Rom avec des bâches et des toiles cirées sur des piquets. L'aventure, l'insolite certes, mais convenable. Il ne viendrait à l'idée de personne de le reprocher!
Au moment où l'idée d'informer nos fidèles lecteurs sur les habitats pas comme les autres, je tombe le samedi 8 août, dans le silence de la ville, sur un reportage de la chaîne Voyage. Zay Harding, dans le cadre d'un reportage Pilot Guides, nous emmène en Nouvelle Zélande. La vidéo est très cotée. Elle est gratifiée de 5 étoiles sur le site qui la commercialise et, croyez-moi, elle en vaut la peine.

C'est là que j'apprends que les champions de rapidité dans la tonte des moutons qui se sont fait des sous avec leur art, investissent parfois dans l'hébergement touristique. C'est ainsi que l'un d'entre eux propose à ses hôtes de dormir dans un avion au sol dont la carlingue est aménagée en chambre à coucher. On peut même passer une nuit de rêve dans le cockpit à s'imaginer que l'on pilote les premiers aéronefs pionniers de l'Aéropostale. On se figure déjà les grands enfants que sont nos bonshommes en train de piloter pour de faux autour du bateau d'un copain en vacances et de jouer au héros comme Jean Dujardin dans "Un Gars, une fille".

Evidemment, ça a du succès. Pour attirer l'attention, rien ne vaut ce qui est original. Dans le même reportage, on voit notre héros en train d'absorber des yeux de poissons cuits à la vapeur et des testicules de mouton crus devant une assemblée hilare qui lui affirme que les anciens du pays s'en régalent. Moi, si j'étais lui, et avant de plonger, comme au saut à l'élastique un peu plus tard, je demanderais à l'assemblée de goûter pour me montrer qu'ils apprécient eux-mêmes. De grands enfants, on vous dit...

Tout ça pour vous confirmer que l'insolite a de beaux jours devant lui. Certains sites s'en sont même fait une spécialité. Tous ceux qui ont été enchantés à l'idée de dormir dans un hôtel équipé de mobilier taillé dans la glace dans le Grand Nord auront apprécié de pouvoir en faire autant dans les Pyrénées à Granvalira en Andorre. Les igloos creusés dans la glace ou construits en parpaings de neige et équipés 4 étoiles ont leurs inconditionnels.

Les roulottes aussi bien sûr qui nous rappellent ceux que l'on appelaient les Romanichels à l'époque où leur arrivée au village signifiait distraction et rupture avec le quotidien. Ils installaient les tréteaux et montaient les manèges. Leurs gamins fréquentaient notre école et ils revenaient chaque année. Le goûter (des tartines de saindoux!) dans la roulotte nous fascinait. Les parents n'avaient pas besoin de faire venir des artistes de rue pour distraire les 8-10 ans, ils en avaient sous la main. Sauf qu'on leur cassait les pieds à s'installer dans la roulotte exiguë, alors ils chassaient les mômes de là et on s'éparpillaient en rigolant. N'empêche, la roulotte gitane avec ses tambourins et ses chevaux de trait s'est inscrite dans notre imaginaire et une petite semaine de vacances dans cet univers onirique au fond du jardin, mais avec tout le confort , ça fait rêver...

Idem pour les péniches. Là aussi, tous ceux d'entre nous qui faisaient les 400 coups l'été le long des chemins de halage connaissaient les mariniers qui acceptaient gentiment de les embarquer pour l'aventure entre 2 écluses. Là aussi les vacances en péniches solidement ancrées dans les imaginaires, séduisent nombre d'estivants curieux.

Il y a aussi les cabanes dans les arbres. Paradis que l'on a construit nous-mêmes avec des planches, à une époque bénie où tous les jouets n'étaient pas en vente chez Toy's are Us et que les jardins servaient surtout à faire des bêtises. On se faisait tirer les oreilles parce qu'on avait piqué les allumettes à la cuisine. N'empêche, à cette époque-là, il y avait plutôt moins de feux de forêt... Tout cela pour vous dire que les cabanes dans les arbres avec tout le confort ont aussi beaucoup de succès pour ceux qui les loue.

On aime aussi passer la nuit dans un phare comme dans celui de Kerbel à Riantec (56-Morbihan). Les yourtes envahissent le territoire et on n'y invoque pas forcément Bouddha. Mais qu'est-ce qu'on s'amuse dans cette grande pièce de toile recouverte de tapis avec son poêle au centre. Variante, les tipis. Comme Cochise. Dans le même temps, le camping qui flirte avec le haut de gamme, s'installe au château avec les Castels. Rien que des 4 étoiles. Et pour ne pas lasser les clients on leur propose aussi de l'insolite:

Les maisonnettes cabanes aux Criques des Porteils dans les Pyrénées Orientales, l'écolodge Sahari au Domaine des Forges en Vendée. Et la Bretagne, qui ne peut pas toujours compter sur les mêmes rayons bienfaisants que la Côte d'Azur, fait des efforts avec la cabane hutte du Domaine des Ormes en Ile-et-Vilaine, la paillote exotique à Grande Métairie dans le Morbihan et les roulottes au Château de Galinée dans les Côtes d'Armor. La boucle est bouclée.

Reste que tout cela me fait penser aux confitures. Je précise ma pensée. Depuis quelques années, les confitures les plus originales, comme celles que fabrique Christine Ferber à Niedermorschwihr (68 Haut-Rhin) sont proposées aux gourmands qui les trouvent à la Grande Epicerie de Paris et autres boutiques gastronomiques de luxe. Je pense aussi aux Confitures de Rosalie réalisées par Philippe Bruneton, maître confiturier (ça existe...) en plein coeur du massif du Pilat entre Lyon et Saint Etienne avec des fruits du cru, mûrs à souhait. Il en existe beaucoup d'autres un peu partout en France.

Pour attirer l'attention et séduire les gourmands, on propose les framboises au chocolat noir, la confiture de carottes, oranges et cardamome et autres curiosités. Mais savez-vous ce qui se vend le mieux? C'est un pâtissier que j'interrogeais au sujet de ses nouveautés qui me l'a confié. Les plus vendues des confitures ce sont celles à la fraise et aux abricots. C'est à dire les plus classiques avec lesquelles on est sûr de ne pas se tromper. D'ici à ce que tous ceux qui cherchent à "crécher" sur les flots, les roues, les arbres et les cockpits finissent pas se retrouver dans une chambre bien conventionnelle, il n'y a pas loin! Aucun problème à cet égard, des chambres classiques et bien tenues, dans toutes les catégories, il y en a plein!

1 commentaire:

Françoise a dit…

Pour des bonnes fraises, visitez le Tyrol du Sud, précisement la Val Martello, où les fraises poussent meme à 1800 mètres d'altitude!
Pour plus d'informations: http://www.tyrol-italie.fr/...le compromis idéal entre Nord et Sud de l'Europe!