lundi 5 juillet 2010

CHANTILLY D'ETE



La région parisienne a bien du charme en été. Chaque année et jusqu'au 1er novembre, on peut, depuis Paris, se rendre à Auvers-sur-Oise par le Transilien pour passer la journée dans l'univers des peintres impressionnistes qui sont, comme chacun sait, mis particulièrement en lumière cette année avec le festival Normandie Impressionniste qui dure jusqu'au 29 septembre. Admirer l'église d'Auvers immortalisée par Van Gogh et découvrir l'auberge Ravoux où il avait sa chambre ne coûte rien. Flâner dans le musée d'Aubigny et sa maison-atelier et au musée de l'Absinthe, substance que l'on disait inspirante et repérer la maison du Docteur Gachet sont autant de buts dans la journée.

Mais il existe par ailleurs quantités de découvertes alléchantes à faire dans l'Oise au nord de Paris. Les enfants apprennent en s'amusant et costumés en marquis et marquises au château de Vaux-le-Vicomte, comment on vivait au XVIIème siècle et s'exercent même à l'escrime et au cerceau. Ils s'essaient à la révérence, ce qui peut être bien utile si l'on est un jour amené à croiser la reine d'Angleterre. Michelle Obama et Lady Gaga auraient peut-être aimé savoir...

Autre étape et non des moindres, il s'agit d'apprendre à "monter" la crème chantilly, dessert inventé par le fameux Vatel en 1661, au cours d'ateliers organisés tout l'été. Evidemment, les parents mettent la main à la crème. Mais plus jamais à la maison, on ne couvrira les fraises du jardin d'une grosse masse extraite d'une bombe. On apprend aussi, dans ces ateliers, que l'on peut aussi la parfumer.

Les enfants retournent également sur les bancs d'une école d'autrefois avec tableau noir et encriers de porcelaine (ça, c'est une nostalgie de parents, pas sûr que la dictée, même ainsi mise en scène, plaise tant que ça aux enfants en vacances...). Elle est installée dans le village d'Hétomesnil et la journée de classe ne dure pas bien longtemps. Juste le temps d'apprécier et de s'étonner, de découvrir les métiers d'autrefois et de filer en récréation au musée Campagn'Aventure qui a construit un parcours végétal dans un immense labyrinthe de maïs.

Les activités sont nombreuses et passionnantes et apportent la preuve qu'être en vacances ne signifie pas forcément s'entasser sur les plages. C'est aussi l'occasion de découvrir, par exemple, tout sur la fabrication des boutons au musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru. Au XVIIème siècle, les tabletiers (on les appelait ainsi) fabriquaient des objets de luxe et de mode pour les grossistes parisiens. Eventails, broches, boutons, accessoires, couverts, bijoux en utilisant des matières naturelles récoltées au 4 coins du monde. La nacre des coquillages, les écailles, les bois exotiques et l'ivoire désormais défendue.

Il s'agit d'un sujet passionnant qui peut même susciter des vocations artistiques, car il s'agit d'objets que l'on peut utiliser dans leur destination première, comme éléments de décor et aussi détourner.

Pour faire le tour du sujet, il faut savoir que l'exposition "Boutons, phénomène artistique, historique et culturel " se tient jusqu'au 14 août à la Mona Bismarck Foundation à Paris dans le XVIème. On y apprendra que Jime Dine, un artiste américain né en 1935, disait qu'il "[changeait] constamment les boutons de [ses] vêtements, pour la même raison qu'[il corrigeait] un dessin ou [modifiait] les couleurs de [ses] peintures: pour affiner l'effet d'ensemble et créer une harmonie. "

Charles de Gaulle collectionnait les boutons d'uniformes militaires français, Jackie Onassis recherchait les rares boutons émaillés français. Le clou de l'exposition est constitué par 1500 exemplaires de la collection Loïc Allio, une des plus belles du monde, d'un bouton chinois très rare et vieux de 2500 ans et du plus grand bouton de nacre du monde. Il vient d'Espagne et date de la fin du XIXème siècle.

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