lundi 21 décembre 2009

NOËL AVANT, PENDANT ET APRES



Noël a une telle importance en Provence, la célébration de l'anniversaire de la naissance de l'enfant Jésus est si ancrée dans les traditions que les fêtes qui entourent le 25 décembre (on les appellent les calendes) commencent parfois en novembre, toujours le 4 décembre avec la Sainte Barbe et durent au moins jusqu'en janvier avec les Rois et même jusqu'en février. Dans les familles provençales, il n'est pas rare que la crèche ne soit démontée que début février juste avant la Chandeleur. Après la crèche, les crêpes !

Il est donc encore temps de se remplir les yeux d'images de Noël en Provence. En suivant le Chemin des Crèches par exemple qui permet de découvrir les plus belles. Il faut savoir, avant tout, que la crèche est en fait une mangeoire et pas la figuration d'une étable. Mais en Provence, la crèche, c'est d'abord le village tout entier qui est représenté. Avec ses personnages emblématiques (tout le monde connaît "Lou Ravi", mais il y a aussi "Roustido" la bourgeoise et son parapluie rouge, l'ivrogne "Bartomiou" et le grand dadais "Pistachié"...), les métiers, les animaux, les pins et les oliviers.

Parmi les plus belles, il y a celle de Grambois qui est installée à partir du 22 décembre et reste dans l'église du village jusqu'au 5 février 2010. Sa particularité, c'est que les santons (qui sont l'oeuvre du santonnier Graille) sont à l'effigie des habitants du village. Certains prennent même la physionomie d'authentiques célébrités comme François Mauriac ou encore Paul Préboist (non pas Johnny..., pas encore).

En l'église de Saint-Saturnin-les Avignon, le spectacle des santons animés - qui mesurent entre 25 et 80cm de hauteur – , réalisés en carton, en pierre ou en cire du Carmel d'Avignon, se tient tous les après-midi entre Noël et le 4 janvier et tous les dimanches après-midi jusqu'au 1er février. A Valréas, la crèche occupe 57m2 du choeur de l'église Notre-Dame de Nazareth avec des santons très anciens qui mesurent de 3 à 120cm. Le départ du Chemin des Crèches se fait depuis Pernes-les-Fontaines avec une visite de la maison Fléchier et du musée du Costume Comtadin.

En matière de crèches, les familles provençales manifestent aussi beaucoup de créativité. Elles sont présentes dans chaque foyer et la coutume de la monter remonte à la Révolution. Peut-être parce qu'il n'était pas toujours prudent, en ces temps tourmentés, de se rendre à l'église. Pour se recueillir et pour prier, on construisait le Bon Dieu chez soi. Peut-être...

Mais pour s'inspirer, en dehors des ateliers de nombreux artisans santonniers où l'on peut se procurer les personnages petit à petit (une crèche familiale fait partie de l'héritage provençal...), on peut aussi visiter le Musée du Santon à Fontaine-de-Vaucluse. Il rassemble le travail d'une centaine de santonniers dans toute la Provence et présente plus de 60 crèches différentes et quelques 2000 personnages et automates. Reste que l'on pourra profiter d'un séjour dans la région du Vaucluse pour assister à une messe de minuit. Une tradition qui remonterait au Vème siècle et qui vaut, en dehors de son aspect religieux, pour les "Noëls", ces cantiques en langue provençale qui accompagnent les traditions comme le pastrage (offrande d'un agneau par les bergers).

Après, il ne faut pas manquer le fameux Gros Souper et les 13 desserts. De nombreux restaurants le proposent pendant tout le mois de décembre, à la manière d'une curiosité. Mais le soir de Noël, qui est par essence une fête de famille, il est rare que les restaurants s'immiscent dans l'intimité. Sauf à être invité chez les Provençaux, on n'en connaîtra pas les émois. Reste que l'on peut, chez soi et n'importe où en France ou ailleurs proposer à la fin du repas le nougat blanc et noir, la fougasse, les fruits confits, les dattes, les mandarines, les mendiants (noix, amandes, figues sèches et noisettes), raisins, pommes et pruneaux. Pour le nougat, on peut même apprendre à le confectionner soi-même avec Rose dans une ferme du village de Sarrians. Je vous en parlerai une autre fois.

Avec l'Epiphanie début janvier, la fête n'est pas finie. Il faut savoir tout d'abord qu'en Provence, on ignore à peu près la galette feuilletée. C'est dans une brioche aux fruits confits en forme de couronne que la fève est cachée. Autrefois, le boulanger l'offrait même à ses fidèles clients pour leur étrennes. La coutume est un peu passée de mode. A moins que la tradition n'ait été remplacée par la promotion (2 pour le prix d'une ou quelque chose dans le genre...)

Les Mystères de Noël, au sens médiéval du terme, s'appellent ici Pastorales. Parmi les plus célèbres (on en trouve même des enregistrements en DVD), il y a la pastorale Maurel à laquelle on peut assister à Robion le 10 janvier et la Pastorale l'Oulo d'Arpian le 17 janvier à Châteauneuf-de-Gadagne.

Après les fêtes, la Provence ne s'endort pas. C'est la meilleure saison pour les truffes (bien mieux que novembre et même décembre). Elles sont enfin mûres et les festivités qui les entourent commencent. Je vous en reparlerai donc.

Je vous dirai un mot aussi de la nature sauvage du Jura et de ses étonnants vins jaunes et je vous emmènerai chez l'incontournable Nicolas Le Bec qui a installé son restaurant entouré de commerces de bouche et baptisé "Rue Le Bec" dans le nouveau quartier de la Confluence à Lyon. Il fourmille de projets. A Paris, dans le quartier de l'Opéra et en Provence aussi justement. D'ici là, à tous et à toutes, joyeux Noël et bonne année !

mercredi 9 décembre 2009

BALADE A VONNAS



En cette fin novembre, j'ai rendez-vous, non pas au village du Père Noël, mais au Village Gourmand de Georges Blanc à Vonnas (01 - Ain). Parti de l'auberge de sa grand-mère (qu'il va reconstituer sous le nom d'Ancienne Auberge quand il aura conquis tous les lauriers et ses 3 macarons), le plus bourguignon des étoilés de la région de Lyon, a bâti presque un empire, qu'il a fait agrémenter, d'une sortie d'autoroute et d'un parcours soigneusement fléché jusqu'à lui. On a parlé d'influences politiques. Sans doute...

Ces cuisiniers d'exception reçoivent à leur table tous les grands de ce monde. Les Présidents de la République comme Mitterrand, Chirac, Giscard et les grands dirigeants de la planète. A l'occasion du G7, Helmut Kohl et Bill Clinton ont dégusté la "poularde de Bresse comme au G7" qui figure toujours à la carte.

A considérer la galerie de portraits qui couvre les murs du salon et court le long du couloir qui mène à la salle à manger en longeant les cuisines le long de la Veyle et de ses bords fleuris, on admire les autographes et compliments des gloires du cinéma, Alain Delon, Romy Schneider et des célébrités de toute nature. Pas étonnant alors qu'il suffise de demander quand on a besoin de quelque chose et que vous avez celui qui peut vous le donner sous la main. Certains y pensent sans même qu'on y fasse allusion pour peu que leur chauffeur se soit un peu perdu sur les routes de la Bresse...

Et il y les amis des amis. A peine embarqués dans les camions caméras et éclairages du "Goûtez-voir" d'Odile Mattéi auquel je participais et qui sera diffusé le dimanche 13 décembre à 11h30 sur France3, que PPDA déposait ses valises à la réception. Encore un homme de goût !

Ce jour-là, j'ai eu un peu de mal à m'approcher du "village". Les travaux fermaient les rues qui mènent au restaurant, en passant devant le Musée initié par Georges Blanc il y a quelques années en hommage à la tradition de carrosserie du village et le jeudi, justement, c'est aussi jour de marché. Il était presque difficile de se garer sur la place. Ce qui est un comble à la campagne.

Je vais donc jusque devant la Résidence des Saules, l'hôtel 3 étoiles qui permet de séjourner au Village Gourmand à des tarifs plus démocratiques et de profiter de la boutique, la cave, la boulangerie qui s'alignent sur tout un côté de la place. Dieu merci, il y a aussi la cour de "la Cour aux Fleurs", l'hôtel 5 étoiles aux chambres somptueuses et chaleureuses meublées d'authentiques armoises bressanes, de crédences et autres objets précieux chinés dans les fermes environnantes. C'est là aussi qu'est installé le fameux SPA Mosaïc, une merveille ouverte sur la nature, si accompli qu'il a reçu le Spa Trophy 2009 qui récompense le plus beau Spa au monde de la chaîne Relais Châteaux parmi 146 établissements situés dans 28 pays !

Démonstration, s'il en était besoin, du perfectionnisme du chef. Il à l'oeil à tout. Se rend compte que l'une des personnes, qui figure sur une simple photo souvenir, a le soleil dans l'oeil, joue les assistants de production, en homme d'expérience sur le tournage et s'y épanouit comme un poisson dans l'eau. Il faut dire qu'il est habitué des plateaux télé. On ne compte plus les émissions tournées au restaurant, dans les vignes du Mâconnais où il est propriétaire du Domaine d'Azenay qui produit d'excellents blancs tout à fait dignes de figurer dans la cave du restaurant qui est une des plus belles du monde.

Il se déplace aussi et, expression encore du perfectionnisme de Georges, ne se lance dans aucune aventure sans s'attacher à la gagner. Il coachait Grégory Cuilleron dans l'émission de M6 "Un Dîner presque parfait" et c'est lui (enfin eux) qui a gagné. Que l'on se balade à sa suite pour visiter l'hôtel et on le voit s'impatienter en redressant un tableau qui penche un peu (ça se voyait à peine, mais à la réflexion si !), protester parce que les lampes "brûlent" le jour dans les couloirs et qu'il n'aime pas le gaspillage.

Et mettre bien sûr son grain de sel en cuisine, quand il n'est pas lui-même aux fourneaux, même s'il est formidablement secondé. Cet hôtel restaurant de province qui vendait des grenouilles et du poulet à la crème autrefois est désormais une PME florissante (elle est passée dans Capital) avec son DRH, Marcel Périnet, arrivé dans la maison pour faire la plonge au début de sa toute jeune carrière et qui a gravi tous les échelons.

Cette rigueur pourrait nuire à la créativité du chef. En fait, pas une seconde et tout son art réside dans le fait que le grand Georges est un amoureux des produits. Pour lui, goût naturel et fraîcheur sont primordiaux et le poulet de Bresse qu'il défend bec et ongles ;) en occupant la fonction de président du CIVB (Comité International de la Volaille de Bresse , c'est simplement rôti qu'il le préfère, même s'il l'a déjà accommodé à de multiples sauces. Toujours réussies. Evidemment, il participera aux Glorieuses de Bresse, ces 4 marchés aux volailles grasses et chapons qui se tiennent juste avant Noël dans toute la région de la Bresse, mais cet homme qui a fait de son domaine d'excellence un lieu à la fois élégant et luxueux, essaie toujours de cultiver la simplicité.

Il a déjà publié plus d'une quinzaine de livres de cuisine. Mais, précise-t-il, pas question de s'atteler à des ouvrages luxueux qui n'ont pas leur place dans une cuisine et ne quittent guère la table du salon. Ces recettes à lui sont accessibles et le luxe, c'est le produit. Dans le dernier paru justement baptisé "Le plus simple du meilleur" aux Editions Minerva, il cuisine 25 produits d'exception soigneusement choisis et mis en valeur de la façon la plus simple qui soit. Il y a le bar de ligne et les langoustines, les huîtres et les artichauts poivrade, les volailles de Bresse et les oeufs évidemment, mais aussi l'agneau, les figues et les fraises. Entre autres...

Avec des conseils pour les choisir au mieux, les diverses origines et les saisons d'élection au cours desquelles il convient de les consommer. Quelques questions-réponses avec Sylvia Gabet, co–auteur et cuisinière du quotidien et bien sûr les tours de main et les vins à associer au plat. A la veille des fêtes, je viens d'en essayer plusieurs. J'ai déjà réalisé le homard et son coulis mêlé de pennes, le risotto aux morilles et safran et une volaille rôtie en deux temps avant de passer au chapon pour les fêtes et à la soupe de haricots cocos à la truffe noire. Pour finir, des fruits façon tiramisù, mais pas des fraises comme proposé dans le livre, on attendra le printemps !

lundi 30 novembre 2009

GLACES POLAIRES



A l'instant même où j'écris ces lignes, il est près de 11h du matin et l'on peut dire que le jour ne s'est pas encore levé ! C'est la grande période de déprime pour la plupart de mes amis. Ceux qui avouent "manquer de cocotiers" et ont du mal à comprendre que moi, les lagons bleus, les palmiers et les hôtels de luxe qui, très souvent côtoient aussi la misère du monde, ça ne m'emballe pas vraiment. Ce qui ne veut pas dire que j'ai quelque chose contre le soleil et la chaleur. Mais que voulez-vous, j'aime les saisons et ce qui me fait le plus peur, c'est de ne plus en avoir. Je détesterais vivre sous les Tropiques !

En cela, je suis d'accord avec les cuisiniers. Les fraises en hiver, les tomates au début du printemps, qu'il faut aller chercher à l'autre bout du monde à grand renfort de kérosène (je sais, désormais, je suis dans l'air du temps, mais ça n'a pas toujours été le cas...) et en plus, c'est pas bon. Donc... Je réserverai les pays chauds, ceux où il existe de vraies cultures à rencontrer, qui ont des monuments, des vestiges, des paysages grandioses, des déserts enchanteurs pour le printemps ou pour l'été.

En attendant, j'entre avec délectation dans l'hiver et ce qui me terrorise le plus, c'est d'en manquer un jour. Ce n'est pas par conscience écologique que je vois fondre les glaces du pôle et reculer les glaciers avec effroi, mais c'est parce que le spectacles des grandes glaces et des neiges éternelles me réjouit. Et quand j'apprends que le Mont Blanc, à la suite de fortes chutes de neige, dépasse les 4807m que j'apprenais à l'école primaire, ça me plonge dans le ravissement.

Direction le Grand Nord donc en ce début décembre. C'est dans la neige qu'un sapin de Noël est le plus beau et le Père Noël circule bien sur un traîneau oui ou non ? Il habite en Laponie, tout le monde sait ça ! Là-bas, les villes et villages s'appellent "Saäriselka", ou l'hôtel "Riekonlinna", avec tout plein de doubles voyelles et de trémas qui affolent les adresses Internet et les ordinateurs. En Laponie suédoise, on ne résiste pas à l'appel de la glace. Celle des igloos et de l'hôtel de glace de Jukkasjärvi qui se reconstruit chaque année début décembre avant de fondre au printemps. On prend l'apéro confortablement installé dans des chauffeuses (!) de glace. Les glaçons, en fait, on les a sous les fesses !

Pour faire bonne mesure, on pousse jusqu'au Spitzberg et on passe une nuit polaire au Basecamp Spitsbergen avec excursion en chiens de traîneau sous les étoiles et les aurores boréales. Au mois de février avec le retour du soleil, il existe quantités d'événements réjouissants. Passer une nuit à bord du seul bateau "hôtel" gelé dans les glaces les 27 et 28 février, franchement, ça vous fait des vacances scolaires vraiment pas ordinaires.

Plus urbain, mais pas moins Grand Nord, la Finlande où l'on peut même s'offrir des City Break pendant tout le mois de décembre. Pour arpenter les Marchés de Noël qui se tiennent aux 4 coins de la ville d'Helsinki, comme celui de Saint Thomas du 7 au 22 décembre ou encore le plus vaste d'entre eux Vanha Ylioppilastalo du 13 au 23 décembre, très réputé pour ses jouets en bois. Sans négliger le Marché de Noël 100% Design dans le Design District qui s'étend sur plus de 25 rues. La Finlande est très "arty" et on peut faire des trouvailles tout à fait inédites qui n'ont rien à voir avec les lampions et bougies traditionnelles. Ce qui n'empêche pas de tomber sous le charme de la procession de Sainte Lucie le 13 décembre sur la place de la Cathédrale.

La Finlande a aussi son hôtel de glace. En Laponie bien sûr à Rovaniemi. Il ne fait jamais moins de 0° dans les chambres de l'Artic SnowHotel et les sacs de couchage sont ultra chauds. Il est même possible, si l'imaginaire prend le dessus et qu'on ne supporte pas, de se réfugier dans un bâtiment chauffé tout à côté qui abrite un établissement classique. On profitera aussi de l'occasion pour passer du temps dans la Wild Taïga, un sanctuaire 100% nature le long de la frontière russe. Heureusement qu'il existe des initiatives du genre !

Cap sur l'Islande enfin (mais pas seulement, il reste le Canada et toute l'Amérique du Nord pour goûter aux plaisirs du grand froid est des étendues gelées). Cette fois, c'est le mélange des genres. On se confie à Eric Biard et Marc Broussaud qui connaissent comme personne cette île volcanique où le feu couve en permanence sous la glace. Ils accompagnent les voyageurs à la rencontre des phénomènes géologiques naturels rarissimes du parc national de Thingvellir, là où l'on peut plonger dans des eaux naturellement chaudes et admirer les glaciers qui viennent s'échouer sur une plage de sable noir.

Ce qui n'exclut pas les traditions. A Reyjavik, on fête Noël avec ferveur et les Père Noël sont nombreux et fort espiègles. Ils regardent par les fenêtres, finissent les assiettes, lèchent les cuillères, pendant que résonnent les chants de Noël. Un cours séjour de 4 jours là-bas ne dépasse pas les 400EUR. En cette période de crise, les promos sont nombreuses et ceux qui n'ont pas tout perdu à la bourse seraient bien inspirés d'en profiter. Pour faire une croisière fluviale de 2700 km de la Sibérie au Cercle Polaire par exemple pendant 18 jours et 16 nuits.

Quant à ceux qui ne pourront pas filer jusque là-bas, ils pourront toujours aller admirer les formidables toutous athlètes de la Grande Odyssée qui se déroule cette année du 10 au 20 janvier dans toutes les Alpes. On peut même passer des nuits en igloos au col du Mont Cenis, bivouaquer à côté des chiens la nuit du 16 janvier et visiter la Base Polaire des Chasseurs Alpins. Les chiens eux, dorment dans la neige. Sans abri. Ils ne supporteraient pas la chaleur.

vendredi 20 novembre 2009

INDISPENSABLES LUMIERES



Pas question d'y échapper. Même si la Fête des Lumières de Lyon qui se tient cette année du 5 au 8 décembre est ce que, dans la presse, on appelle un "marronnier". Ce genre de sujet qui revient chaque saison.
Il n'y a pas de raisons de se priver de parler de la plus belle manifestation lumineuse du monde et surtout la plus légitime. Car ce sont ses racines qui en font un spectacle plus majestueux, plus fervent et plus sacré que toutes les autres mises en lumière de villes (au demeurant souvent magnifiques) qui se mettent en place au moment des fêtes, mais aussi chaque fois que l'occasion en est donnée en lien avec un événement.

A Lyon, tout à commencé en 1852 avec les petites bougies que les Lyonnais ont disposé sur leurs fenêtres pour remercier la Vierge de les avoir sauvés de la peste. Depuis, chaque 8 décembre, ils recommencent et le faste de la Fête des Lumières, qui se tient avec de considérables moyens sur plusieurs jours depuis 10 ans, n'y change rien.

Sans elles, la fête ne serait pas tout à fait ce qu'elle est et chaque habitant est mis à contribution. Ce que tout le monde fait de bon coeur. Dans le même ordre d'idées, chaque année, depuis 5 ans, des lumignons sont vendus au profit d'une association caritative. Ce qui donne une belle dimension humaine à la fête, sans ostentation et sans pression. Cette année, c'est au profit du Secours Populaire Français et la présence de Catherine Laborde, la Madame Météo de TF1 et ambassadrice de l'association, à la conférence de presse, n'avait rien de racoleur. Loin de là. La spécialiste du temps qu'il fait a eu cette phrase touchante : "Le temps qu'il fait, a-t-elle dit, n'est pas égal pour tout le monde !"

Rien de plus différent, en effet qu'une soirée en famille au coin du feu quand la pluie glacée fouette les vitres du salon et qu'on se réjouit presque qu'il fasse un temps de chien dehors, que le même jour à la même date quand on dort dans la rue ou même que l'on a pas assez de sous pour chauffer convenablement un appartement minuscule, vétuste et mal isolé.

Il faudra s'en souvenir quand on pourra admirer les chefs d'oeuvre du Musée des Beaux-Arts de Lyon projetés sur la grande roue de 55 m de diamètre sur la place Bellecour. Il s'agit là du plus improbable des spectacles. Celui qui n'aura pas lieu si la météo, encore elle, n'est pas clémente. Qu'une tempête se pointe se soir là et les images des chefs d'oeuvre resteront au musée. On croise les doigts.

De temps qu'il fait, il est question aussi place des Terreaux où le Coffre à Jouets nous avait plongés, l'an passé dans le ravissement. Cette année, un gigantesque métronome, matérialisé par un laser symbolisera le fil du temps, pendant que les bâtiments se couvriront de glace, puis se déformeront sous l'effet de la chaleur "Jouons avec les temps" est bien dans l'air du temps !

Après le succès l'an passé, du parcours sur les berges du Rhône, l'expérience est renouvelée. Les spectateurs qui se baladent le long du Rhône, à la rencontre des berges enneigées berges enneigées du Parc de la Tête d'Or et du double lumineux de la grotte préhistorique Chauvet grotte préhistorique Chauvet, permettent de désengorger un peu la Presqu'île. Une absolue nécessité quand on sait que Lyon attend pour l'occasion plus de 4 millions de spectateurs. Et en redemande, puisque des accords avec la SNCF permettront via les TGV 100% Prem's de faire faire des allers et retours aux Parisiens et à des spectateurs de la France et de toute la région, via les TER à des tarifs étudiés.

Mais le clou du spectacle cette année, c'est le parcours sur la colline qui conduit, pour la première fois, les spectateurs jusqu'au pied de la Basilique de Fourvière. Pour assister à un concert de carillons de 23 cloches avec des airs comme Carmen de Bizet, Le Boléro de Ravel, Take Five de Dave Brubeck ou encore What I'd say de Ray Charles. En contrepoint avec les tableaux des Orpailleurs de Lumière qui illumineront la façade. Ce parcours sur la colline conduit à la Primatiale Saint Jean et le spectacle des Bâtisseurs, en hommage à ceux qui, depuis le 12ème siècle auront mis 300 ans à bâtir la cathédrale.

Plus de 70 spectacles sont répartis sur toute la ville, parmi lesquels on retiendra "Cordadra" et les 250 draps diffuseurs de lumière dans la cour d'honneur de l'Hôtel Dieu, la "Dolce Vita" qui transforme la fontaine des Cordeliers en fontaine de Trévi à Rome et propose un spectacle autour du cinéma italien des années 60, en clin d'oeil au nouveau festival de cinéma de Lyon et à la ville elle-même, berceau du 7ème Art.

Tous les plus grands artistes de la lumière veulent en être, car si les spectacles d'illuminations se sont développés, l'expertise lyonnaise reste majeure et assure succès et engagements partout dans le monde à ceux qui se sont illustrés ici.

Ce bain de lumière qui met Lyon au défi de faire mieux chaque année réserve pour autant une bonne surprise à tous ceux qui craignent débauche de moyens et gaspillage d'énergie. Pour les 5 jours, la facture d'électricité ne devrait pas dépasser 3.500 EUR. En réalité, ce qui fait la splendeur, ce sont les oeuvres des artistes et leur manière d'utiliser les ressources techniques dont ils disposent. Les lumignons des Lyonnais le soir du 8 décembre en font partie.

La fête des Lumières c'est la fête de tous.
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Un jour, un blog !
A partir du 25 novembre et jusqu'au 15 décembre, retrouvez dans Un jour, un blog, une sélection des meilleurs moments de la Fête des Lumières, vécus et commentés sur les blogs de Lyon (et d'ailleurs). Humeur, réaction, commentaire, photo, vidéo seront affichés de façon quotidienne. Proposez un blog !

Envoyez vos plus belles photos !
Si vous êtes photographe, amateur ou éclairé, participez à la fête en rejoignant le groupe FlickR consacré au 8 décembre. Le groupe rassemble plus de 170 membres et près de 2 000 photos. N'hésitez pas à envoyer vos photos des années précédentes, en précisant bien l'année pour que tout le monde s'y retrouve. Rejoignez le groupe FlickR !

Filmez la Fête !
Amateurs de vidéos ? Vous pouvez vous joindre à la Fête en déposant vos meilleures séquences sur le groupe Dailymotion de la Ville de Lyon. Postez vos vidéos !

vendredi 13 novembre 2009

LES GANTS DE LA MARQUISE



Imaginez dans une vitrine, une coquille de noix, une vraie, et une toute petite boule blanche qui ne dépasse pas de cette demi-coquille et qui n'attend plus que d'être recouverte de l'autre moitié de la coque pour faire une espièglerie. C'est ainsi que la Marquise de Sévigné reçu un jour un beau panier de grosses noix qui contenaient, certes des fruits, mais aussi dans certaines d'entre elles, un gant qui allait de pair avec un autre dissimulé de la même façon et qui ne tenait pas plus de place qu'un cerneau. La surprise était délicate. La Marquise fut enchantée.

Le gant, défroissé, figure à côté de son frère, il est réalisé dans une peau délicate et très, très fine. C'est un des plus beaux objets de l'exposition Dans la peau du gant qui se tient au Musée Historique des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon jusqu'au 28 mars 2010.

Evidemment, le musée est bien placé pour parler gant. Il en possède de nombreux et des rares dans ses collections, dont la plus ancienne, une paire de mitaines en soie tricotée du 15ème siècle et une paire de gants de dame à crispins, merveille très richement ornée et très bien conservée qui date du 17ème siècle.

Pour réaliser cette exposition de 350 pièces, la maison Hermès et le musée de la ville de Millau ont rejoint le projet. Tous possèdent aussi de vraies raretés. Il faut également compter avec 4 paires de gants prêtées par Jean Strazzeri, Meilleur Ouvrier de France, de la maison Lesdiguières Barnier à Grenoble, ville qui fut autrefois la capitale du gant et qui possède toujours un musée. Avant de se faire ravir sa place par la ville aveyronnaise, ses artisans ont tout inventé en matière de gant. Les "calibres emporte-pièces" et "la main de fer" de Xavier Jouvin en 1834, qui ont permis l'industrialisation de la profession.

Mais si Millau s'est développée dans cette industrie, c'est aussi qu'elle ne manque pas de matière première. Le Causse est idéal pour élever des moutons et pour que les brebis donnent le maximum de lait que nécessite la fabrication du Roquefort (âmes sensibles s'abstenir...), il faut que les agneaux soient séparés dès l'âge d'un mois. Ce qui donnent des peaux évidemment fines et exceptionnelles.

Bien entendu, l'exposition montre les savoir-faire et le travail, assez ingrat faut-il le préciser, du nettoyage, du tannage, de l'extension de la peau dans un sens et pas un autre, et de tous les traitements avant de passer à la découpe, au montage et aux finitions.

Désormais, les manufactures de gants ne sont plus qu'au nombre de 31 à Millau. Parmi celles-ci, la maison Causse a largement contribué à l'exposition et évolue dans les hautes sphères du raffinement, grâce à Nadine Carel et Manuel Rubio, un tandem de créateurs qui a rejoint l'entreprise familiale en 2003. Ils travaillent avec Chanel, Yves Saint-Laurent, Givenchy, Fendi et ont obtenu le prix de l'Association Nationale pour le Développement des Arts de la Mode, créé par Pierre Bergé. Dans leurs clientes ils comptent Madonna ou encore Kylie Minogue. La Maison Causse fait partie du collectif du Cuir Aveyronnais qui propose des visites aux touristes qui viennent admirer le viaduc.

Parmi les curiosités spectaculaires de l'exposition, on citera les gants des poupées des princesses d'Angleterre et le gant de Buffalo Bill, prêté par le Musée de Millau. Mais toute l'expo raconte le gant.
Celui que l'on jette à la face du gentilhomme avec lequel on souhaite en découdre sur le pré, celui des évêques et des grands monarques, témoins de leur puissance.
Celui que Rita Hayworth, ou plutôt Gilda, retire voluptueusement. Les mitaines que l'on porte pour conduire, à l'avènement de l'automobile, et celles que Karl Lagerfeld ne quitte guère.

Anne d'Autriche en possédait 347 paires - (même pas une par jour soit dit en passant...) - et Joséphine ne portait jamais 2 fois la même ! Si les gants des élégantes qui protégeaient leurs mains du soleil et du froid et ne montraient, quand elles les quittaient, qu'une main d'ivoire étaient naturellement en peau, ils étaient aussi en soie et en bien d'autres matières suivant leur destination.

En latex très fin, sur la main des chirurgiens et des experts en police scientifique et à l'inverse, en quelque matière que ce soit pourvu que le cambrioleur ne laisse pas ses empreintes digitales. Ignifugés, ils protègent les mains des pompiers. Les boules de cuir des boxeurs et ceux du gardien de but qui récupère les boulets de canon des attaquants au football, ont quant à eux vraiment besoin d'être résistants.

On ne le verra pas dans l'exposition, mais le fameux gant de Michaël Jackson a été vendu 34.200 euros aux enchères. A ce prix-là, heureusement qu'il n'en portait qu'un seul !

mercredi 28 octobre 2009

TEAROOM AND TEAGARDENS



Parlons thé, voulez-vous... Asseyez-vous, prenez un biscuit... Pas de ça malheureux ! Pourquoi pas un boudoir dans le Champagne pendant qu'on y est!
Il ne s'agit de tyranniser personne, mais plutôt, pour un producteur de thé comme Dilmah, réputé parmi les meilleurs du monde et premier exportateur de thés de Ceylan, de ne pas se laisser intimider par les Français et leur réputation en matière de gastronomie.

Le moyen de pénétrer ce marché pas facile, c'est encore de viser la tête et en cela, l'Institut Paul Bocuse a accepté de jouer le jeu avec délectation et ouverture d'esprit. Ce qui caractérise assez bien cette école de renommée mondiale et au nom illustre, qui forme aujourd'hui la crème des cuisiniers, hôteliers, gestionnaires dans l'hôtellerie et la restauration. Elle a accepté de se pencher sur l'art du thé. En tant que boisson et philosophie de vie. Parce que l'un des fils de l'excellent Merrill.J Fernando, fondateur de l'entreprise, a suivi des cours à Ecully dans la banlieue de Lyon, au Château du Vivier, là où l'école est dans ses meubles.

Une fois les présentations faites, ne restait plus qu'à créer un module de cours sur le thé et à creuser le sillon pour gagner les Français, grands consommateurs de vins de qualité (et de moins en moins de mauvais) devant l'éternel, à s'intéresser au thé. La cause, contrairement à ce que l'on pourrait penser est loin d'être perdue d'avance. En fait, la réputation de la gastronomie française est telle que l'on hésite à tenter d'apprendre quelque chose et à en remontrer à ce peuple curieux et fantasque qui ne demande pourtant qu'à s'informer. Reste que le thé est à peu près aussi complexe que le vin.

Le famille Fernando qui a ses plantations au Sri Lanka déguste jusqu'à 7000 thés par semaine et procède exactement de la même manière que les oenologues, sommeliers et maîtres de chais. En aspirant, en recrachant. Le patriarche fait ça depuis plus de 60 ans. Et il s'en porte très bien. Le thé gagne à être connu et bien traité. C'est à dire qu'il faut avoir des exigences quand on le choisit et qu'il faut savoir le préparer. La "boiling water" est versée sur le thé et pas l'inverse. Et on ne presse jamais le sachet qui libérerait alors un excès de caféine.

Si l'on satisfait à tous ces rites, alors on a tout à y gagner. Le thé est excellent pour la santé et la longévité. Il entretient l'élasticité de la peau, améliore la mémoire et renforce le système immunitaire. Monsieur Fernando qui a l'air de faire 20 ans de moins que l'âge qui figure sur son passeport, en est la preuve vivante. Bernard Ricolleau, le maître d'hôtel du restaurant Saisons, a tout de suite foncé sur le sujet et présente le thé comme personne. Désormais, c'est l'Hôtel Royal, établissement d'application de l'Institut qui accueille un vrai salon de thé dans ce qui était le salon de musique avec vue sur la place Bellecour à Lyon. Le personnel a été spécialement formé au service du thé. Le décor, inspiré des soieries lyonnaises, est dans la note.

La famille Fernando, qui a fait le voyage depuis Ceylan a baptisé sa société, créée il y a une vingtaine d'années avec le début des prénoms des deux fils Dilhan et Malik. Exactement comme un artisan qui veut se porter bonheur, assurer la pérennité de son affaire en l'ancrant fortement dans une vraie saga familiale. Ils sont intarissables quand il s'agit de parler thé et je n'aurai pas la prétention de vous raconter tout, tout, tout et le reste sur ce breuvage vieux de 5000 ans et qui est la 2ème boisson consommée au monde (la première, c'est l'eau...)

Sinon que Dilmah fait la cueillette à la main, emploie 35000 personnes dont 34000 dans les jardins de thés, situés à des altitudes variant entre 200-300 mètres et les hauts plateaux de 2000 mètres et plus. Ils sont immédiatement transformés sur place selon la méthode orthodoxe et conditionnés "Gardenfresh" sous quelques jours. Les variétés sont nombreuses, même si tous proviennent du même arbuste, le Camellia Sinensis. Ce qui fait la différence, en plus de l'altitude et du terroir, ce sont les phases de fermentation. Les thés noirs sont fermentés, les thés Oolong le sont à demi, les thés verts pas du tout, ainsi que le thé blanc, dont on ne cueille que les pointes ensuite séchées au soleil. Les thés Dilmah sont 100% pure origine.

L'univers du thé, on l'a déjà dit, est très semblable à celui du vin. A la dégustation, il est question de tanins, de notes, de longueur en bouche. Il existe aussi des thés saisonniers comme celui qui, cueilli le 3 août a subi des vents froids et secs qui vont le caractériser. On tente aussi un thé du sud de l'île, récolté à 200 ou 300m et fumé au bois de cannelle (celle de Ceylan est la meilleure du monde...) qui n'aura bien sûr pas les mêmes arômes ni les mêmes caractéristiques. On goûte et ça marche. Le plus grand obstacle à la consommation des grands thés en France, c'est l'ignorance.

On découvre les couleurs des différents breuvages qui vont de l'ivoire au "green grey" très foncé en passant par toute la gamme des jaunes, des rouges, des bruns et même un celadon bleuté. On apprend aussi qu'il faut faire infuser un thé noir environ 3 minutes et 1 minute de plus pour le thés verts. Que l'agrémenter d'un nuage de lait est toujours possible, mais plutôt chaud (on pense à tous les "connaisseurs" qui ne se sont pas gênés pour snober ceux qui ne versaient pas le thé dans le lait froid et les traitaient de sacrilèges). Il faut toujours se méfier du péremptoire ! D'autant que, mieux vaut s'en passer, le lait capte les polyphénols et empêche leur absorption. Ce qui diminue ainsi l'activité antioxydante du thé.

On apprendra aussi que sous le vocable "finest blend" des grandes marques industrielles, on récupère de joyeux mélanges. Un peu comme si l'on vendait du "vin rouge" en mélangeant toutes les régions ! Dilmah conditionne tous ses thés en sachets avant de les exporter. Le vrac n'est pas conseillé. Question d'hygiène entre autres et bienvenue en ces temps de grippe A...

Mis entre les mains d'un barman hollandais qui a gagné un concours de cocktails à base de thé, c'est une formidable ressource pour étonner en soirée. Avec un thé suprême de Ceylan, du jus de pomme, un sirop de lavande et un zeste de citron, on obtient un "mocktail" non alcoolisé, bien plus agréable que ceux à base de jus de fruits qui pèsent sur l'estomac. Et puis, et puis, le thé s'accommode aussi très bien de Cognac et de Cointreau. Les ressources des mélanges sont infinies.

Après avoir conquis près d'une centaine de pays dans le monde, la famille Fernando, dont les origines lointaines remontent au Portugal quand les Lusitaniens avaient colonisé l'île, tente donc de gagner le coeur des Français. Avec un produit exceptionnel et profondément éthique, Dilmah est aussi flanquée de deux fondations. La Dilmah Conservation qui protège la nature, veille au développement durable et se consacre à la protection d'espèces en voie de disparition comme l'éléphant d'Asie. Et la MJF Charitable Foundation, financée à hauteur de 10% des bénéfices pour accompagner les populations sri lankaises dans leur développement. Construction de dispensaires, hôpitaux, écoles ; micro crédit pour aider au développement de minuscules entreprises et donner de l'indépendance à ceux qui veulent vivre de leur travail ; autonomisation des femmes ; reconstruction de maisons suite au tsunami qui a fait de nombreuses victimes dans la région.

D'ores et déjà, Dilmah et ses thés est une entreprise qui gagne à être connue. On attend aussi que l'importateur, Alain Moron, installe les produits dans des points de vente choisis dans toute la France. Ce n'est plus qu'une question de semaines...

mercredi 21 octobre 2009

PICASSO AND C°




Le tout premier Picasso auquel on est confronté en abordant cette exposition d'une richesse exceptionnelle, ne manque pas de déconcerter. Face au Nu aux bas rouges, réalisé par l'artiste en 1901, on pense davantage à Edgar Degas et Toulouse-Lautrec qu'au pape du Cubisme.

Ce tableau-là, on l'aurait bien imaginé dans les collections que Rose Dawson emportait sur le Titanic. Cette prostituée montmartroise, on l'aurait imaginée peinte par l'artiste amoureux, victime du naufrage.
Toute proche de Marie Coca et sa fille de Suzanne Valadon, elle fait pénétrer dans l'univers très onirique de cette exposition dont la présentation en écrin au travers des 25 sections qui regroupent près de 200 oeuvres, presque toutes propriété du Musée des Beaux-Arts de Lyon, génère encore davantage d'émotion qu'à l'ordinaire.

Le "Louvre lyonnais" dispose ainsi d'une des plus belles collections d'art moderne en France. En grande partie grâce à des dons. Le plus spectaculaire étant celui de Jacqueline Delubac, troisième épouse de Sacha Guitry qui a fait don au musée en 1997, d'oeuvres de Braque, Léger, Dufy, Fautrier, Hartung, Lam, Victor Brauner, Dubuffet, Bacon et surtout La Femme sur la Plage , de Picasso qui date de 1937. Cette donation de la belle lyonnaise qui était pour beaucoup, le symbole parfait de la Parisienne, dit assez combien les élégantes éclairées de l'époque, à l'instar du personnage du film de James Cameron, étaient de fantastiques collectionneuses et que les artistes leur doivent beaucoup.

Pas de frustration à la fin de l'exposition quand "Picasso, Matisse, Dubuffet, Bacon – Les modernes s'exposent au Musée des Beaux-Arts de Lyon" qui se tient du 10 octobre au 15 février 2010 retrouvera les espaces d'exposition permanente que l'on en profite pour réaménager, au printemps 2010. Mais il serait dommage de manquer cette scénographie délicate de l'exposition temporaire qui commence par un fond pas tout à fait blanc comme le réclame souvent l'art moderne et dont les variations de gris pâlissimes donnent de la douceur, et même de l'éclat. Le musée s'est livré, comme le dit joliment Sylvie Ramond, sa conservatrice, à une sorte de "braconnage" pour mettre les oeuvres en scène et créer l'interprétation. Les scandaleux du Fauvisme, hués au Salon d'Automne en 1905, "pavoisent" dans la section N°2 qui regroupe Dufy, Marquet et Utrillo…

Le Musée des Beaux-Arts de Lyon est parmi les premiers musées à avoir fait l'acquisition d'oeuvres impressionnistes et c'est grâce à de grandes expositions au milieu du siècle dernier que les dons se sont fait plus nombreux, comme ceux de la veuve d'Albert Gleizes qui fait que le fond des oeuvres de ce peintre sont particulièrement importantes. Au fil des sections, la place faite aux arts graphiques est essentielle et les perspectives réclament d'effectuer la visite à un moment calme. Pour apercevoir Le Hibou rouge strié en terre cuite polychrome de Picasso au-delà d'une oeuvre de Fernand Léger. Découvrir Matisse qui, venu se faire soigner à Lyon, a été généreux avec la ville. Repérer dans la section des surréalistes, là où trône la Femme assise sur la plage de Picasso, légué par Jacqueline Delubac, les jeux de mains des oeuvres voisines qui vont jusqu'à la Piéta en bois d'olivier d'Etienne-Martin exposée dans la salle voisine baptisée "Trauma" où l'on expose la douleur et tout le ressenti des horreurs de la guerre jusqu'à La Prisonnière, un bronze fascinant du Russe Ossip Zadkine.

On ne manquera pas, bien sûr le Paysage blond de Dubuffet acquis en 1956 grâce à l'obstination du critique René Déroudille. C'est le premier tableau de l'artiste entré dans une collection publique en France. Et La Prise de Constantinople de Pierre Bettencourt , réalisée avec des matériaux comme la toile de jute et les coquilles d'oeufs avant de terminer par un clin d'oeil au Pop Art tout naturellement. On pourra aussi profiter de cette expo grandiose en nocturne de 18 à 22 h les 6 novembre 2009 et 5 février 2010.

Pour se remettre de ses émotions, et elles sont grandes, un petit tour, très prosaïquement aux Terrasses Saint Pierre, le restaurant salon de thé du musée qui fait d'excellents brunches le samedi et le dimanche et de savoureux cakes aux pralines (entre autres...). On peut aussi en profiter pour savourer la paix des jardins bien cachés autour du musée et pourtant à 2 pas de la place des Terreaux.

lundi 12 octobre 2009

GOUTEZ DONC, GOUTER VOIR !

Les téléspectateurs de Rhône-Alpes Auvergne ont de la chance. Ils peuvent regarder chaque dimanche à 11h30 pendant le décrochage régional, la belle Odile Mattéi dans son émission "Goûtez-voir"

Si je vous parle d'elle, c'est qu'elle fait vraiment la différence parmi toutes les émissions de gastronomie. Odile n'est pas coincée dans une cuisine à l'image de Valérie Expert. Elle ne joue pas les stars et les mannequins comme Julie Andrieu et surtout, surtout, n'en déplaise à ma consoeur de Lyon People, elle n'a rien à voir avec Jean-Luc Petitrenaud. Lequel plaît beaucoup, j'en conviens, aux amateurs de terroir, mais diffuse des émissions parfaitement indigestes. Non pas qu'elle ne soient pas plaisantes, après tout, à sa suite, on voyage en France. Mais, passez-moi l'expression, avec Jean-Luc, on a l'impression qu'on ne va jamais arriver à se lever de table, rien qu'à regarder. A la télé, c'est un comble ! Je passe aussi sur François Simon, qui opère à couvert sur Paris Première, cultivant ainsi l'anonymat le plus scrupuleux, sauf que je ne connais pas beaucoup de chefs qui ne le connaissent et ne le reconnaissent pas.

Ce que j'aime chez Odile, c'est sa vivacité, sa vraie gourmandise qui ne rime pas avec goinfrerie. Qu'elle mette la main à la pâte, ce qui fait d'elle une fine cuisinière à la table de laquelle il fait bon s'installer. Qu'elle a des goûts simples. Elle raffole de l'entrecôte de Salers, aime les casse-croûte à base de saucisson et de fromages régionaux comme la fourme d'Ambert dont elle a été l'an passé, une des dames au coeur tendre (lol). Et encore qu'elle ne passe pas son temps, quand elle prépare une recette avec un chef, à faire "mmmm" pour montrer que c'est bon. Son registre est plus vaste et ce n'est pas facile de varier les genres, mais elle y arrive.

Résultat, dans sa vaste région, tout le monde l'aime. Les Toques Blanches Lyonnaises et leur président, l'imposant Christophe Marguin ne jurent que par elle. Parce qu'elle sait aussi célébrer ceux qui comptent quand il le faut. Pour les journées du Patrimoine 2009, elle a mis Paul Bocuse à l'honneur, photographié tous les chefs avec lui et fait pleurer la Mère Richard. Elle a enfilé sa polaire pour s'installer à Saint Martin-de Belleville (73 – Savoie) autour de la table des Meilleur (c'est leur nom) du restaurant La Bouitte, dressée en cette saison d'automne, dans le jardin. Avec elle, René et son fils Maxime, ont devisé longuement produits de terroir, cuisine raffinée et casse-croûte chic de montagne.

Elle a suivi Nicolas Le Bec dans sa fameuse rue avec les boutiques gourmandes qui entourent son restaurant installé à la Confluence, le nouveau quartier de Lyon en plein essor. La semaine suivante, elle grimpait dans une montgolfière pour survoler le lac Chambon et apprenait à préparer le boudin aux pommes dans une feuille de brick (elle précise, "bien souple"). Odile pourrait presque ouvrir un restaurant.

Une idée de reconversion peut-être, mais je ne crois pas que ce soit son truc. Pas vraiment. Odile plaît à la caméra et ensemble, elles tutoient les chefs qui ronronnent d'aise. Mais il faut savoir que, chaque année au mois de juin, elle se bat pour que son émission, qui récolte pourtant une des meilleures audiences de France3, soit reconduite d'année en année. Elle rame et avec le sourire quand elle est à l'antenne. J'ai envie de lui dire, comme disait ma grand-mère (personnage de référence de cette chronique) : "S'ils n'en veulent pas qu'ils n'en dégoûtent pas les autres !" Si France3 Rhône-Alpes-Auvergne ne veut plus de tes services, Odile va donc voir en national. Sur Téva par exemple qui diffuse tes vidéos. Ou ailleurs. Sûr que tu plairas !

dimanche 4 octobre 2009

TOUJOURS PLUS !



Ce qu'il faut pour attirer et surtout conclure, c'est étonner. Tout le monde s'intéresse aux extrêmes. D'où le succès du Livre des Records, (parfois – souvent - un peu – beaucoup - ringard).

Hôtels.com, qui ne se contente pas de donner des listes de critères, d'inviter les clients à réserver là où ça leur convient et met en lumière des villes, des régions avec des centres d'intérêt, a fait cette fois-ci la liste des établissements les "plus tout".

Ce qui donne, en commençant par Las Vegas, lieu de toutes les outrances, le New York, New York Hotel qui propose en ses murs une attraction, le Manhattan Express, des montagnes russes qui grimpent jusqu'à 62m à une vitesse de 107km/h et lui vaut l'honneur d'être considéré comme l'hôtel le plus rapide du monde. En attendant le tourisme spatial...

Individuellement plus utile évidemment et surtout plus accessible pour qui aime les sensations fortes, car je ne vois pas bien à quoi sert personnellement le fait d'habiter dans une véritable ville avec 50 restaurants, un centre commercial et bien sûr un casino avec 1400 machines à sous comme c'est le cas du Palazzo Resort Hotel&Casino le plus grand hôtel du monde avec ses 7000 chambres, loin devant le second en Malaisie qui n'en compte que 1000. Petit joueur !

Dans la catégorie qui aime la hauteur et propose forcément une vue imprenable sur les environs, c'est le Park Hyatt à Shangaï qui culmine à 492m et affiche 101 étages. Comme disait Steve Mac Queen dans le rôle du colonel des pompiers dans "La Tour Infernale" "au-delà du 7ème étage, on ne peut rien promettre". Disons que, depuis, les techniques de sécurité et de secours ont pu s'améliorer. Tout de même c'est "Lost in Translation" dans un monstre pareil !

Encore une folie et là, on doit en croiser du bling-bling. Pour ceux qui aiment ça et ne connaissent pas la crise, les rois du pétrole et les traders, l'hôtel le plus cher du monde se trouve à Dubaï, le Burj Al Arab ne fait pas dans la chambre de bonne sous les toits. La plus petite des 202 suites mesure 169m2 et la plus spacieuse 780m2 (avec interphones internes ou quelque chose dans le genre sûrement...). Entre 1000 et 15000EUR la nuit. On comprendra que Courchevel rame pour en donner autant aux émirs en séjour.

Quitte à faire dans les records, l'Ice Hôtel à Jukkasjärvi en Suède a bien plus de charme. Situé à 200km du cercle polaire arctique, cette sorte d'igloo de luxe avec ses chauffeuses (!) en glace est évidemment éphémère puisqu'il fond en été et se reconstruit chaque hiver. Ce qui est commode pour changer la déco. Il n'est pas le seul dans son genre. On trouve des hôtels de glace en Finlande, en Norvège, au Canada et même en Roumanie. Son lointain voisin, mais sur la même latitude, est en Russie à Murmansk, le Park Inn Poliarnie serait le plus septentrional des hôtels. C'est d'ailleurs son seul charme semble-t-il. L'établissement le plus au sud et proche des étendues glacées de l'Antarctique se situe évidemment à Ushuïa. Pour qui est navré par le réchauffement climatique et préfère la neige aux cocotiers (c'est mon cas...), la perspective a bien de la séduction. Nous aurons l'occasion d'en reparler. Coming soon...

Ce qui n'empêche pas de s'emballer pour le désert et de s'installer au Mövenpick Resort Petra Wadi Musa à Petra en Jordanie. Même si le site archéologique commence à être vraiment très (trop ?) fréquenté. En s'installant aux portes du désert, on pourra reprendre ses esprits en fuyant les foules.

L'insolite, l'inédit, le pas-vu, le "pas comme tout le monde" a toujours beaucoup de succès. En France, on adore les cabanes dans les arbres, les péniches, les roulottes, autant d'expériences qui changent du quotidien. Toutes ces curiosités sont regroupées dans un site Vacances Insolites et aussi sur Escapolite. Sinon, il reste, à l'instar des hippies des années 60 et pour les nostalgiques de Woodstock, le van Wolkswagen customisé.

Trêve de plaisanterie, il faut savoir que le prix des hôtels, après avoir chuté de 16% au dernier trimestre 2008, vient encore d'accuser une baisse de 17% en moyenne. Ce qui donne envie de faire ses valises. Parmi les destinations les plus avantageuses, l'Asie, l'Amérique du Nord et l'Europe en général y compris les villes phares. Celles qui résistent, les Caraïbes (-2%) et la France (-6%). Mais il reste tous les bons plans à traquer et puis, on peut toujours essayer de marchander. C'est devenu très tendance !

lundi 28 septembre 2009

HYPE LA NIGHT !



La nuit du 3 au 4 octobre 2009 de 19h à 7h du matin, c'est la 8ème Nuit Blanche parisienne. Le monde des artistes se rapproche des habitants le temps d'une nuit qui dure jusqu'à l'aube. Evidemment festive, elle est confiée cette année à Alexia Fabre, conservateur en chef du Mac/Val et à Frank Lamy, chargé des expositions temporaires dans la même institution. Avec 3 parcours qui vont des parcs et jardins des Buttes-Chaumont et du Luxembourg, les espaces de culture du Théâtre du Châtelet et la dimension spirituelle de la grande cathédrale Notre-Dame de Paris, chère à Victor Hugo.

Première incursion rive gauche cette année au Quartier Latin et intention délibérée de s'échapper au-delà du périphérique vers Les Lilas, Aubervilliers, Arcueil, Saint-Denis, Romainville... Pour la première fois et pour fêter ses 30 ans, le Forum des Halles s'implique dans la Nuit Blanche avec performances et expositions comme le coeur en plastique rouge "My Night" de François-Xavier Courrèges qui clignotera jusqu'au bout de son énergie sur la place Basse. Et parce qu'il faut bien que le commerce se fasse et aussi parce qu'il s'agit là du principal moteur de la croissance (!), les boutiques du Forum resteront ouvertes jusqu'à minuit.

Cette année Amsterdam rejoint le réseau Nuits Blanches Europe et Tel Aviv, la Nuit Blanche dans le monde. Le plus tendance actuellement, dégringolade de la livre oblige, c'est de filer vers l'Angleterre pour profiter à Londres, l'une des villes réputées les plus chères du monde, d'une baisse de l'hôtellerie d'environ 22%. Ce qui met le 4 étoiles autour de 128EUR.


On peut aussi pousser jusqu'à Brighton pour y vivre 2 nuits blanches les 24 et 25 octobre sur le thème de la Fortune après celui de l'Amour l'an passé. Toutes perspectives hautement réjouissantes ! Dans le cœur historique de la ville et sur le front de mer, on assistera à des spectacles, on visitera le Brighton Muséum qui propose de retenir les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale sur le destin des habitants, avec, en contrepoint un grand Bal sur le thème des années 40. Cafés et restaurants seront ouverts toute la nuit pour soutenir le moral des visiteurs et on pourra même pratiquer des activités sportives dans le noir.

En appoint avec la Nuit des Musées du printemps, le musée des Beaux Arts de Lyon, un des 10 musées les plus visités de France, propose aux amateurs de découvrir les collections permanentes en nocturne le 1er vendredi de chaque mois (sauf le 1er janvier 2010). On commence le 2 octobre avec les Antiquités Egyptiennes. On pourra voir l'expo Picasso le 6 novembre et même visiter le musée à la lampe de poche un peu plus tard.

Last but not least, pour que le public profite de l'été indien du 1er octobre au 1er novembre, les "Soirées en coulisses des Yvelines" proposent la découverte d'une vingtaine de sites en soirée. Pour écouter le marquis de Breteuil raconter l'histoire secrète de sa famille en son château. Entendre "La Grotte de Versailles", l'opéra de Lully au Château de Méridon. S'intéresser aux contes de Claudine Tiberghien, créatrice de poupées de chiffon, au Château de la Madeleine à Chevreuse, découvrir la salle du jeu de Paume à Versailles où Louis XIV s'adonnait à l'exercice physique et où flotte la mémoire impressionnante du célèbre serment.

Observer enfin, le ciel et ses mystères grâce aux installations d'une poignée de passionnés d'astronomie dans le Parc Naturel Régional ((PNR) de la Haute Vallée de Chevreuse. A terme les nuits risquent bien d'être encore plus belles que les jours. Quoique...

samedi 19 septembre 2009

LA FRANCE, C'EST TENDANCE !



Une fois de plus, les Journées Européennes du Patrimoine auront connu un grand succès. Envolée la simple curiosité d'aller explorer l'Elysée et de chercher à espionner le lit du Président (déception assurée...). Désormais, on regarde près de chez soi. Ce que j'aurai fait moi-même en allant faire un tour à l'exposition de la belle époque de l'Automobile aux Brotteaux dans mon quartier à Lyon. L'avantage de la formule, c'est que les JDP sont comme la Nuit des Musées, un rendez-vous qui fait que les acteurs de l'événement imaginent manifestations, ateliers, scénographies, mises en scène et pas mal de gratuités.

Le patrimoine en sort grandi, mieux valorisé, dépoussiéré, mis en lumière. Mais après... Il est urgent de nous réapproprier nos merveilles et de les faire vivre en allant les admirer. Pour s'aider à très bien le faire, on se procurera, en Rhône-Alpes, le Livre du Patrimoine publié chaque année depuis 10 ans et qui établit une sorte de "Musée Imaginaire" de la région.

Il ne s'agit pas d'en laisser seulement la charge aux intellectuels et artistes étrangers. Je pense à cet égard au portrait du chef d'orchestre William Christie, paru dans le Nouvel Observateur du 17 septembre 2009 et qui confie que : "Les Français ont une haute opinion d'eux-mêmes. Et c'est bien. Parfois, ils ne savent pas pourquoi, c'est le problème. Ils ont à gérer un énorme bagage culturel, et ils perdent tout le temps leurs valises. Nous sommes les porteurs". Ce qui est valable pour la musique baroque, l'est tout autant pour tous les arts, les musées, les bâtiments.

Tout ça pour dire que, sans négliger quelques merveilles du monde et d'enrichissantes rencontres dont je compte bien continuer à vous parler, depuis la crise, la France, c'est tendance. Pourquoi diable se rendre en files organisées admirer les chutes du Niagara quand on n'a jamais mis les pieds au Mont Saint Michel. Cet été, je suis retournée dans la vallée de la Loire pour revoir quelques châteaux que mes parents m'avaient fait découvrir quand j'étais petite et qui ont depuis bien alimenté mes rêves.

Oeil d'adulte donc sur Villandry et un nombre impressionnants de cars, allemands entre autres, (reconnaissables non pas à leur immatriculation, mais aux participants qui mordaient dans une tranche de pain noir avec une saucisse de Francfort à l'heure du déjeuner). L'occasion impromptue et sage de préférer s'installer à la Doulce Terrasse, restaurant à l'entrée du château, devant une coupe de Vouvray pétillant et quelques amuse-bouche et de se dire que l'on reviendra une autre fois. Les châteaux de la Loire sont ouverts toute l'année !

Même expérience le lendemain à Chenonceaux et petit stop au restaurant Le Bon Laboureur. On a vraiment intérêt à choisir ce genre d'établissement pour la pause déjeuner. A 30EUR sur le pouce avec une entrée, un plat et un dessert, on bénéficie de tout le savoir-faire d'un excellent chef dans un cadre idéal et reposant. Bien mieux et pas plus cher que tous les estancos qui sont installés autour du château , sûrs de récupérer des touristes égarés et affamés.

C'est au château de Langeais que nous avons pu bénéficier d'un grand moment de tranquillité pour parcourir les 15 salles, très bien meublées. Il a beaucoup changé depuis une vingtaine d'années et il est particulièrement intéressant en ce sens qu'il est une idéale transition entre le Moyen Age et la Renaissance. Louis XI ne l'a pas achevé, mais il y a marié son fils, Charles VIII. Du moins est-ce sa fille Anne de Beaujeu, martyrisée par la loi salique qui a marié son frère devenu roi après avoir assuré une régence des plus dignes. Il a épousé Anne de Bretagne le 6 décembre 1491 aux petites heures du matin et la scénographie de reconstitution est saisissante. Il ne faisait pas bon être reine ou duchesse à cette époque où la raison d'état dominait toutes les autres et il est bien triste le visage des mariés.

En parcourant le château, on découvre salles à manger, chambres à coucher, costumes d'époque et une boutique joliment achalandée. Je regrette à l'instant même de ne pas avoir fait l'acquisition de boucles d'oreilles copiées sur celles que portaient les gentes dames en cette fin du Moyen Age. Elles sont tellement contemporaines. Ou encore de tapisseries comme celles, en moins imposantes, qui couvrent les murs du château. Notamment dans la Salle des Preux, qui abrite une série unique en France de sept tapisseries des héros de l'époque médiévale. Ne pas oublier aussi de s'égarer dans les jardins et le parc soigneusement entretenus et fort séduisants pour la reconstitution du chantier de construction des bâtisseurs l'an Mil et pour les enfants qui peuvent aller explorer des cabanes dans les arbres.

Pour profiter mieux encore du château de Langeais, s'installer juste avant la levée du pont-levis (9h ou 9h1/2 suivant la saison) et déguster un excellent petit déjeuner à la Maison de Rabelais, salon de thé, pâtisserie chocolaterie tenue par Emmanuel Errard, le fils des hôteliers installés un peu plus loin. Ne pas oublier, à l'occasion de faire emplette de poires tapées spécialités régionales à déguster sous de multiples formes et particulièrement avec du gibier.

samedi 12 septembre 2009

LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND



Du festival de cinéma "Lumières 2009", qui voit - enfin ! - le jour à Lyon du 13 au 18 octobre, Thierry Frémaux, son directeur et par ailleurs délégué général du Festival de Cannes et directeur de l'Institut Lumière, dit, en manière de boutade, qu'il fait partie des projets depuis le 19ème siècle !
Date à laquelle les célèbres Frères Lumière ont inventé le 7ème art et filmé la sortie de leurs usines dans ce qui est aujourd'hui une belle salle de cinéma jouxtant l'Institut Lumière : le Hangar du 1er Film, classé Monument Historique.

Thierry Frémaux est bien armé pour organiser et pérenniser cette manifestation qui se veut davantage un festival de rétrospectives et autres honneurs aux grands cinéastes du monde plutôt qu'une compétition comme il y en a déjà pas mal. Tout le monde participe à ce festival qui est avant tout celui de la cinéphilie et des cinéphiles. Et ils sont nombreux à Lyon. Origines du cinéma obligent ! Et puis, il est temps que l'on sache, de par le monde, que le cinéma, pas plus que l'automobile d'ailleurs, (n'est-ce pas Monsieur Obama !), n'a pas été inventé aux Etats Unis et surtout pas à Hollywood. Force est toutefois d'admettre que les studios et stars californiens ont fait beaucoup pour la pellicule. Davantage que Lyon de toute évidence.

Avant de créer Lumières 2009, il a fallu faire du chemin. Créer l'Institut Lumière (présidé par Bertrand Tavernier), qui s'est approprié l'histoire du cinéma et a attiré de nombreux acteurs et réalisateurs dans le berceau du cinéma. Ensuite, il y a eu, Rhône-Alpes Cinéma, à l'initiative de Roger Planchon, le pôle Pixel à Villeurbanne, le studio d'animation Folimage à Valence, le Festival International du Film d'Animation, le Festival du Film Italien à Annecy. Tout doucement la région s'est réapproprié le cinéma. Elle est désormais une des premières régions de l'image en Europe. Bon début.

Très enjoué, Thierry Frémaux ne cache pas son excitation. Ménage ses effets pour annoncer combien il se réjouit de la première grande rétrospective du festival Il était une fois Sergio Léone qui, en rendant hommage au réalisateur italien de westerns spaghetti, à l'occasion des 20 ans de sa disparition, en projetant l'intégrale de son œuvre, permettra à de jeunes spectateurs de la découvrir dans des conditions splendides. Versions restaurées, copies neuves, grand écran... Thierry Frémaux encore : "la plupart des jeunes gens de moins de 30 ans, ne les ont vus qu'en vidéo et jamais sur grand écran."

Car ce festival-là est aussi celui du devenir du cinéma et de ses techniques. Restauration, numérisation, redécouverte d'oeuvres disparues... Avec Cannes et toute la programmation de l'Institut Lumière, Thierry Frémaux a un carnet d'adresses impressionnant et c'est l'oeil gourmand, sûr de son effet, qu'il a annoncé son invité d'honneur : Clint Eastwood ! Qui lui demandait encore, il y a peu quand il reviendrait à Lyon. A l'immense acteur, réalisateur, cinéaste, Lyon remettra le premier prix Lumière récompensant l'ensemble de son œuvre.

Les politiques ont du mal à cacher leur joie devant cet aboutissement. Même si les images du film Le Bon, la Brute et le Truand sert d'introduction à leurs allocutions. Gérard Collomb, maire de Lyon, rigole d'être le Bon ; Jean Jacques Pignard, pour le Conseil Général, fait de l'esprit sur la Brute et Jean Jacques Queyranne, président du Conseil Régional et cinéphile comblé par l'événement, assume le Truand de bonne grâce.

Pour que la fête soit complète, le festival se tiendra dans toutes les salles des 57 communes du Grand Lyon. Autour de l'hommage à Sergio Leone, il y en aura un autre à Don Siegel, les deux réalisateurs étant ceux à qui Clint Eastwood a dédié son film "Impitoyable". L'occasion de mieux découvrir l'humour et l'énergie du réalisateur de "L'Inspecteur Harry".

Avec une autre rétrospective sur l'oeuvre de Shin Sang-ok, le réalisateur coréen dont la plupart des films restent inédits en France ; Eddie Muller et "The Art of Noir" pour tous les amateurs de films sombres et les Sublimes Moments du Muet, la programmation de cette première édition assortie d'expositions, d'ateliers, de colloques et de rencontres sera à peu près bouclée.

Le succès est tel que les réservations vont bon train et que l'on connaît même un admirateur français de Clint Easwood, vivant à Shangaï, qui se dit prêt à faire le voyage ! Quant à Thierry Frémaux, il se demande si Jean-Michel Aulas, le président de l'Olympique Lyonnais sera capable de demander au réalisateur, comédien et cow-boy à ses heures, de donner le coup d'envoi du match Lyon-Sochaux le 17 octobre à Gerland. On demande à voir !

samedi 5 septembre 2009

CHÈRE COLETTE ...



Mon enfance, ma scolarité primaire dans la classe unique d'un petit village à la campagne, ont été bercées par Colette. L'instituteur ou la maîtresse, que l'on n'appelait pas encore professeur-e (euresse ?) des écoles, nous nourrissait de ses textes. Faisant abstraction bien sûr de la grande liberté de l'écrivain et de ses "Claudine".

La meilleure façon d'aborder Colette en passant sa vie et ses passions sous silence : ne même pas les évoquer pour ne voir que la plume. On rencontrait donc Colette sous la dictée. Et on l'emportait le soir avec nous après la classe, quand les jardins

commençaient à "donner" et que, comme plus d'un de mes camarades de classe, j'accompagnais mon grand-père en le suivant le long du sentier qui descendait à l'aplomb d'anciens remparts depuis lesquels on voyait au loin toute la campagne et la Bourgogne.

Il y avait un petit bois encombré de ronces que l'on mettait deux bonnes minutes (!) à traverser. A la sortie, les groseilles, les cassis et les grosses groseilles à maquereaux sur lesquelles se posaient les papillons rencontrés déjà la veille sous forme de chenille. L'impardonnable cognassier dont les fruits mûrs ressemblaient à des poires, mais qui étaient immangeables (ce n'est pas faute d'avoir essayé à de multiples reprises...). La belle surprise, c'est que ma grand-mère en tirait de la pâte de coing, savoureuse et aussi efficace, sinon plus et en tout cas meilleure, que le Coca Cola pour soigner les désordres intestinaux.

Il y avait les fleurs aussi. Les gueules de loup et les boules de neige, les grandes pivoines et les zinnias. Et bien sûr les chats qui profitaient de la chaleur des pierres chaudes. Colette aimait tant les bêtes qu'elle ne choisissait pas. Comme Richelieu, elle aimait les chats, mais elle adorait aussi Toby-chien. Et ils étaient sommés de s'entendre ou du moins de faire en sorte qu'aucune de leurs bagarres n'aient des conséquences fâcheuses !

J'ai adoré Colette, la Colette bourguignonne de Saint Sauveur en Puisaye, élevée entre les bras de Sido, sa mère, amoureuse de la nature, dont le maître mot et dont on dit qu'il fut le dernier que prononçât Colette à sa mort en 1954, était "Regarde ...". Tout un programme... L'autre préoccupation de Sido, c'était "où sont les enfants ? " quand se pointait l'heure du goûter et qu'il fallait s'extirper des meules de foin et des cabanes dans le jardin. On aurait adoré grandir chez elle !

Je me réjouis infiniment que la petite commune de Varetz (19 - Corrèze) ait eu l'idée d'ouvrir, en 2008, Les Jardins de Colette, un grand parc de cinq hectares, assorti du labyrinthe végétal de Bel- Gazou, surnom de Colette, transmis à sa fille, et qui a la forme d'un papillon. La Corrèze et le pays de Brive devaient bien ça à la grande Colette qui y a suivi son second mari, Henri de Jouvenel, au Château de Castel-Novel. Je m'y suis rendue de nombreuses fois et Colette y est partout. Dans le parc, les chambres, la salle à manger. Sophie Parveaux, qui a succédé à ses grands-parents et à ses parents, entretient, avec son mari en cuisine, le souvenir de Colette parmi les grands chênes et dans l'odeur des roses.

Les Jardins de Colette s'articulent en 6 espaces qui représentent chacun les régions de France où elle a vécu et qu'elle a aimées. Il y a les hortensias de Sido en Bourgogne où elle est née en 1873 dans le jardin du haut ; le potager dans le jardin du bas et "l'odeur du feuillage de la tomate" comme l'écrivait la gourmande qui aimait cuisiner la nature et avait dit, comme je l'ai d'ailleurs déjà écrit ici "Si j'avais un fils à marier, je lui dirais : méfie-toi de la jeune fille qui n'aime ni le vin, ni la truffe, ni le fromage, ni la musique."

Un espace est réservé aux sous-bois de la Franche-Comté, l'univers de "Claudine à l'école" et du Domaine des Monts-Boucons. Plus loin, ce sont les bruyères roses et violettes, les chardons de Bretagne et du manoir de Rozven, perchoir de rocher entre le ciel et l'eau , qui a abrité ses amours avec Missy et inspiré entre autres "Le Blé en Herbe". La Corrèze bien sûr avec ses grandes fougères, mais aussi l'actif et généreux soleil limousin qui pique (déjà) la joue et la nuque, chauffe la pêche tardive sous sa peluche de coton et la Provence avec la Treille Muscate et les grands plumages jaunes des mimosas , où la nature et le spectacle de la mer, près de Saint-Tropez, ont bien failli lui faire passer le goût d'écrire.

Et puis, il y a les jardins du Palais-Royal à Paris où elle a fini ses jours en respirant les roses mi-partie jaunes, mi-partie rouges (...) et en trouvant à la ville, une dimension naturelle qu'elle cultivait et continuait à affectionner en s'installant à sa place réservée au restaurant le Grand Véfour.

Pendant toute l'arrière-saison et jusqu'à la Toussaint, on peut profiter de l'automne aux Jardins de Colette. Particulièrement pendant les Journées du Patrimoine les 19 et 20 septembre pour jouer à se perdre dans le labyrinthe de Bel-Gazou et suivre les visites guidées. Je suis moins convaincue par les ateliers créatifs d'Halloween le 31 octobre, période autour de laquelle les enfants en vacances seront invités à creuser leur propre citrouille et à construire des monstres. Colette n'avait pas besoin de ce genre d'artifice pour laisser vagabonder son imagination...

jeudi 27 août 2009

BIEN CONTENTE !



La montagne est bien contente et moi avec ! C'est toujours gratifiant d'avoir raison et, quand on sait que tout le monde tendait le dos pour cette saison touristique 2009, avec la crise qui mettait l'épée dans les reins aux vacanciers aussi bien qu'aux acteurs du tourisme, les résultats surprennent les professionnels eux-mêmes. Chaque année depuis 2 ans, Rhône-Alpes Tourisme réalise des bilans de saison sur sa région avec Ipsos. Lesquels résultats se retrouvent, pour la plupart, parfaitement confirmés par ceux de l'Observatoire Régional du Tourisme qui travaille, lui, sur des données réelles, mais ne les délivre que 2 ans après. Le temps de les traiter...

Je vais vous raconter un peu tout cela. Avec des chiffres (une fois n'est pas coutume) et je l'assortirai ensuite de quelques commentaires personnels tout droits sortis de l'expérience. Bon, aujourd'hui 27 août 2009, on sait que la saison s'est excellemment passée dans les Alpes. Vous avez profité de la montagne et vous avez bien fait. Ai-je réussi à vous convaincre ? J'ai passé moi-même des semaines divines. J'y ai même pris toutes mes vacances alors, qu'en principe, chaque année, je passe une semaine à la montagne et une autre un peu plus loin dans le bassin méditerranéen, y compris en Provence et sur la Côte d'Azur. J'ai appris, au dépouillement de cette enquête, que j'avais fait à peu près comme tout le monde. C'est bon d'être original !

Pour 77% des professionnels rhônalpins du tourisme, la fréquentation de leur établissement a été bonne en août 2009 (59% en 2008). Malgré un mois de juillet un peu bâtard, comme chaque année. La faute aux vacances scolaires qui le grignotent et le rendent moins disponible. Mais le 14 juillet ayant connu une météo superbe, la fréquentation des Alpes s'en est trouvée multipliée. Et puis, il y a toujours le Tour de France. La route du Col du Colombier qui conduit au Grand Bornand (74 – Haute Savoie) est encore jalonnée d'inscriptions et de drapeaux à pois saluant les grimpeurs. Il faut dire qu'ils ont eu Sarko !

Les gens de la région ont économisé l'essence. 38% de Rhônalpins sont allés en villégiature dans leurs montagnes (30% en 2008). Suivis de près par les Parisiens (34%), les gens du nord (25%), les habitants de la Côte d'Azur (18%), venus se mettre au frais et même les Bretons (12%) qui sont venus chercher le soleil qu'ils n'ont pas eu dehors. Les étrangers, que l'on n'attendaient plus, étaient au rendez-vous quand même. 45% d'Anglais en montagne, 37% de Néerlandais et presque autant de Belges. Un peu moins d'Allemands et d'Italiens, mais quand même. Tout ça nous donne 78% de professionnels rhônalpins satisfaits de leur saison, c'est à dire 6 points de plus que l'an passé. La crise ? Quelle crise ?

Il ne faut pas s'illusionner. Rien n'est tombé du ciel. C'est là que je vous mets mon petit grain de sel. Si la région Rhône-Alpes s'en est sortie malgré une conjoncture calamiteuse, c'est que les professionnels ont fait ce qu'il fallait pour ça. 40% d'entre eux envisageait, en juin, de faire de la promotion. Effort sur les prix, activités organisées, Wi-Fi gratuit, baisse effective de la TVA, communication active sur Internet... Tous l'ont fait ou presque, poussés par la nécessité. Mais les résultats sont là.

Je pense à tous ces hôtels dont je vous parle. Le Beauregard (74 – Haute-Savoie) à La Clusaz, qui proposait de conduire les ados en séjour à la plage au bord du lac d'Annecy et qui a répercuté la baisse de la TVA avec la dernière des énergies. Le Chabichou à Courchevel (73 – Savoie), véritable camp retranché de douceur dans une station qui ferme ses luxueux établissements l'été et vrille les nerfs de ceux qui séjournent à ce moment là en éventrant les rues avec les marteaux piqueurs. Les pensionnaires étaient nombreux à profiter de l'excellente cuisine de Michel Rochedy et de son MOF Stéphane Buron, tandis que Nicolas Rochedy mouillait la chemise pour que le Chabichou garde son âme là où la clientèle - volatile par-dessus le marché - pousse les hôteliers qui veulent rester clean dans des retranchements pas toujours évidents.

J'ai découvert aussi à Méribel des hôtels comme l'Orée du Bois ou encore l'Allodis et son chef Alain Plouzané, deux 3 étoiles de luxe qui honorent leurs clients en assurant la saison d'été. C'est d'autant plus méritoire que les plus sensibles à la conjoncture actuelle, ce sont les hôtels. Problème d'adaptation. Quand les campings 4 étoiles, dont la belle clientèle CSP++ investit les chalets et bungalows, proposent le Wi-Fi même sous les tentes et multiplient animations et activités, certains hôtels sont à la traîne. Sans doute ceux qui constatent que la saison n'a pas été bonne, quand les autres sont plutôt satisfaits.

Avec les propositions de dernière minute et les promotions, il fait bon attendre un peu avant de réserver. Mais l'enquête de Rhône-Alpes Tourisme est formelle, les clients veulent davantage de confort, davantage de services et payer toujours moins cher. Antinomique ? Pas tant que ça... Le problème, à mon sens, ce sont les extras. On s'offre un séjour à prix canon, négocié comme dans les souks (c'est très tendance, même si pas chicissime...), et on se fait faire les poches avec la bière au bar facturée 8EUR, le mini-golf et la luge d'été hors de prix (quand il n'y a pas de Pass prévu), les verres en terrasse et les glaces qui laminent le billet de 20EUR et le restaurant, d'un rapport qualité-prix pas assez évident. A mon avis, tout est là. C'est dans ce sens-là qu'il faut réfléchir et ne pas se dire, qu'une fois accordées de conséquentes réductions, on récupérera au virage.

Penser aussi à l'accueil qui, s'il s'est amélioré, se doit encore de faire des efforts. Dans les années qui viennent le nombre de touristes va certes doubler, mais les propositions commerciales seront multipliées par 3 et dans le monde entier. Seuls les meilleurs et les plus pugnaces survivront.
Eviter donc de coller des clients dans l'arrière-cour quand la terrasse avec vue sur la vallée est vide, sous prétexte qu'ils ont réservé les derniers et que les tables sont attribuées dans l'ordre de réservation, pas dans celui des arrivées. (3 tables pourtant réservées sur la terrasse n'ont jamais été occupées...)

Eviter aussi certaines réflexions et tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de se taire. Comme aurait dû le faire cette hôtelière, pourtant agréable, (à la limite de l'obséquiosité même...) qui a tout de même dit à une toute jeune femme qui lui demandait gentiment sa note avec un beau sourire, qu'il manquait le "petit mot magique". La jeune cliente n'avait pas rajouté "s'il vous plaît", alors que tout, dans son discours était poli, obligeant et même gracieux. J'ai vu la jeune femme s'empourprer, rajouter un "s'il vous plaît Madame" gêné. La commerçante était très contente d'elle. Pas sûr toutefois que la jeune femme et son compagnon auront très envie de revenir. Ils avaient à peine plus de 20 ans. C'est ballot de tuer ainsi les bonnes volontés dans l'oeuf !