mardi 23 décembre 2008

NOEL EN JANVIER

Nouvel an sur les Champs Elysées - Photo late night movie / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-nd)

Au moment où paraissent ces lignes, vous vous apprêtez, tout comme moi-même, à fêter Noël et l'An Nouveau et, pour peu que vous ne soyez, ni seul (e), ni malade, ni triste pour quelqu'un que vous aimez, c'est plutôt un bon moment.

Passée cette frénésie de la chasse aux cadeaux et cette pression à la limite de l'acceptable qui nous envoie "manu militari" dans les magasins, c'est une période de joie et de douceur. Lumineuse entre toutes. Vous aurez compris que je n'aime guère le "tiers provisionnel" du 25 décembre. Cette habitude qui consiste à faire culpabiliser tous ceux qui n'auront pas réussi à dénicher "le" cadeau pour ceux qu'ils sont censés gâter, à défaut d'aimer. Le devoir civique nous oblige à faire marcher le commerce et fabriquer de la TVA pour que les finances de l'Etat puissent continuer à sacrifier à la gabegie, et tout le monde marche.

Moi, j'aime les cadeaux que l'on m'offre simplement au bon moment (celui où j'ai envie de l'objet ou du voyage, du week-end, de la soirée resto) et inversement. J'aime l'idée d'offrir un Netbook à ma fille au mois d'octobre parce qu'elle en a envie et que ça lui servirait bien et déteste lui refiler un improbable objet, déniché de haute lutte "pour marquer le jour" au pied du sapin. Heureusement, il y a E-Bay pour écluser toutes les cochonneries reçues pendant les fêtes, mais quel gâchis.

Bref, j'aime janvier et tout ce qu'il promet. Moins de monde sur les pistes des stations (juste après Noël et juste avant les vacances de février...) Pour profiter de la neige sur les volcans d'Auvergne, abondante cette année et qui nous change des Alpes. Pour admirer les chiens athlètes qui participent à la Grande Odyssée entre le 11 et le 21 janvier dans les Alpes (je vous raconterai mon expérience au moment précis, mais allez-y, c'est magique...) et préparer un séjour du 2 au 15 février pour les Championnats du Monde de Ski Alpin à Val d'Isère (73-Savoie), qui s'apprête à recevoir champions et spectateurs comme personne.

Pour aller nicher dans un igloo à Granvalira dans les Pyrénées en Andorre, comme on le fait dans le Grand Nord. Et découvrir que, la vraie saison des truffes, c'est en janvier (et pas en décembre, mais c'est là qu'on en a besoin pour les réveillons...) ce qui nous permettra d'aller partout où pousse le précieux champignon dans sa version d'excellence. Au coeur du Tricastin, là où la "tuber mélanosporum" est la plus abondante. A Sarlat en Périgord les 16 et 17 janvier.

L'olive et l'huile d'olive qui font que la Provence est délicieusement fréquentable même quand les journées sont courtes. Pour la Fête de l'Alicoque à Nyons (26-Drôme) qui se tient le 1er week-end de février.

Déguster du 31 janvier au 1er février à Passenans et Frontenay, (39 – Jura) le vin jaune du Jura au goût de noix et se dépêcher d'en garnir sa cave sans en laisser à tous ceux qui n'ont pas compris ce qu'ils manquent. Visiter à Saint Dizier en Haute Marne, une expo qui nous prouve que nos ancêtres (mais on le savait...), étaient de bien raffinés barbares.

Bonnes Fêtes de fin d'Année - Photo hugovk / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa) Faire enfin les magasins en se disant que, si les promos commençaient très fort en décembre, histoire de nous donner une ultime pichenette pour que l'on accepte de dépenser, on n'ose pas imaginer ce que ça va être pendant les soldes ! Se dire aussi, que si on a raté le réveillon à Las Vegas ou à Venise, ce n'est que partie remise et que janvier sera idéal pour approcher le Nevada et la Sérénissime à des prix encore plus canons.

Tout cela pour vous dire, à vous qui avez la bonté de nous lire, que l'année s'annonce fort bien et que nombreux seront ceux qui sauront pratiquer des prix de crise et que l'on va en profiter. Comptez sur nous pour vous trier le meilleur. D'ici là et à tous, Joyeux Noël, bonne année et rendez-vous le 5 janvier...

vendredi 19 décembre 2008

DU VIN A LIRE

Avec modération, manger-bouger, fumer tue, pas automatique, ... © Felipe Bachomo / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa)

Si vous aimez le vin, son univers et ses bonheurs, mais que les listes des différents guides et leurs fiches de dégustation vous "gonflent" un peu, alors jetez vous sur le livre de Jacques Dupont, le concepteur des pages "Vins" de l'hebdomadaire le Point, vous allez vous régaler. Le vin est ici raconté, davantage qu'il n'est imposé, intimé et, du coup, on en apprend bien plus.
J'ai travaillé en même que lui aux côtés de Christian Millau au magazine GaultMillau, et pour tout dire, nous nous sommes peu fréquentés. Question de rubrique, d'affinités, peut-être...

N'empêche, cher Jacques, que j'ai partagé, en différé et à d'autres moments, certaines de tes expériences et ton ouvrage m'a souvent faire mourir de rire. Je m'explique. J'en connais assez sur le vin, j'ai suffisamment participé à des dégustations pour savoir que je ne sais rien du tout et que loin de moi la pensée de pontifier sur les bribes de savoir que j'ai pu acquérir au détour d'une carte de restaurant, d'une conversation avec un viticulteur ou un sommelier. Comme je suis une femme, j'ai vécu, cher Jacques, les deux verres à dégustation posés sur le tonneau, l'un pour mon confrère masculin et l'autre pour le vigneron "Elle va quand même pas en prendre, la p'tite". C'était chez le père Ramonet qui fournissait Alain Chapel en Chassagne Montrachet !

Je me suis souvent fait remettre à ma place par des "connaisseurs" (oh l'engeance !) "Moi, disaient, la plupart des hommes rencontrés dans un repas professionnel ou de famille, je m'y connais en vin, je bois des coups en jouant aux boules !" C'était pas dit comme ça, mais tout comme... Je sais aussi ce que signifie "expertise analytique qualitative" pour "dégustation", ce sont les mêmes qui ont inventé le "référentiel bondissant" pour désigner un ballon (le truc rond pour jouer avec et pas le verre). Ce sont des pédants, ils emploient ce mot là pour se poser et peut-être est-ce au fond un aveu d'ignorance.

Comme notre maître à tous les deux dans différents domaines, pas parallèles pour 2 sous (ils se rejoignent...), j'ai subi les fameux arômes de vanille (tu parles, du bois neuf !) et de banane (là, c'est dans le Beaujolais nouveau). Christian Millau puisque c'est de lui dont il est question, moquait, dans un de ses éditos un sommelier qui avait détecté des arômes de "pet de cheval et de poil de souris" dans une grande bouteille. C'était une plaisanterie, mais le dit sommelier, en s'imposant à la table des clients et en adoptant la posture du raseur avait cassé son coup au jeune type qui espérait conclure.

J'aime, cher Jacques, la notion de "buveur d'étiquettes". Sans eux, que deviendraient les foires aux vins ! Bien sûr que j'ai ri aussi devant l'histoire du médecin. Il y a des professions qu'il ne faut jamais avouer. La Mère Richard, célèbre fromagère lyonnaise qui a eu bien trop souvent sa photo dans les magazines, n'arrivait pas à intéresser un médecin à ses maux. Ils voulaient tous tout savoir sur Bocuse ! Plus modestement, et en vacances, il ne faut pas avouer non plus que l'on est coiffeuse, sinon, on se retrouve à faire des brushings à tout l'hôtel et pire, à tout le Village Club juste avant la soirée de gala !

Allez, un p'tit coup pour la route, c'est un producteur de Viognier, qui m'a dit à moi-même et pour me prouver que son vin était bon "il a du d'gré" (au moins 15-16 en fait !). Ce qui est, comme on sait un gage de qualité !

Bref, à la suite de tout cela, je l'ai toujours jouée modeste face aux vins. Mais je persiste, qu'être incapable de deviner un cépage, une origine, un propriétaire à l'aveugle (j'ai vu d'illustre sommeliers se planter et pontifier, moi, je savais qu'ils se trompaient, j'avais l'étiquette sous le nez...), ne signifie pas que l'on a pas le droit d'aimer boire quelque chose de bon. Je l'avais dit un jour à un organisateur de concours de cuisine qui prétendait que je n'y connaissais rien parce que je n'étais pas du métier. Il n'y a pas besoin d'un CAP de couturière pour s'habiller en prêt-à-porter et pour constater qu'une tenue vous va comme un sac !

Tout ça pour dire que tous ceux qui ont dans leur entourage un amateur de vins seraient bien inspirés de leur offrir "Choses Bues" (Ed. Grasset). C'est un plaisir à 18,50 euro seulement et ils passeront vraiment un bon moment.

jeudi 11 décembre 2008

GLOIRE AUX VOLAILLES DE NOEL



L'avantage avec les fameuses Glorieuses de Bresse, c'est que l'on peut se balader dans les allées des marchés pour bien d'autres choses en plus d'acheter.
Faire emplette à Bourg en Bresse (01-Ain) le 19 décembre, à Montrevel (01-Ain) le 16 décembre, Pont de Vaux, (01 – Ain), le 21 décembre ou Louhans (71 – Saône&Loire) le 13 décembre, du chapon ou de la belle poularde à la chair tendre qui trôneront sur la table familiale, se fait en se régalant de l'animation environnante et en s'offrant tout le plaisir d'observer.

Je me souviens de la toute première fois où je me suis rendue à Pont de Vaux, le spectacle était dans la salle où les volailles, emmaillotées au plus serré pour qu'elles obtiennent cette belle forme oblongue qui est leur caractéristique, rivalisaient "d'élégance". C'est l'autre concours Miss France de l'année et c'est presque à la même période !

Les Glorieuses sont très "people". On croisent les plus grands chefs étoilés, qui viennent là pour choisir, mais aussi pour se montrer et rencontrer leurs pairs. Confrères et grands volaillers, producteurs de vins... Tout ce beau monde se retrouve dans les bistrots environnants pour casser la croûte de bonne heure le matin, discuter, déguster un pot au feu (de volaille...) avec des crêpes vonnassiennes, un bon fromage fermier à point, un verre d'excellent Beaujolais. Si vous savez jouer des coudes, rien ne vous empêche de vous installer à la table voisine. Pendant ce temps, les amateurs, particuliers, volaillers et charcutiers choisissent et les jurys examinent les chapons et volailles qui seront primés en fin de journée.

Le grand lauréat reçoit un vase de Sèvres offert par le Président de la République. A ma connaissance, aucun d'entre eux n'est jamais venu le remettre personnellement. Ni non plus aucune Première Dame, par délégation. Personne, pourtant, ne détesterait voir Carla s'en charger !

Les plus performants des éleveurs reçoivent aussi des plaques de couleur qu'ils exposent au fronton de leur ferme. Rien n'est plus beau que ces fermes bressanes entourées de prairies grasses. Couvertes de trophées qui racontent des années de récompense et de travail d'orfèvre quand il s'agit de châtrer les poussins en évitant qu'ils ne soient emportés par une hémorragie si le geste n'est pas assez sûr. Ames sensibles s'abstenir.

La volaille de Bresse bénéficie d'une AOC depuis 1936. On la reconnaît à ses plumes blanches, sa crête rouge et ses pattes bleues. Un chef d'oeuvre. Alors pourquoi ne pas choisir, à ce moment-là, la reine de sa table de Noël ? D'abord, ce n'est pas défendu et bien des visiteurs repartent avec leur volaille dans leur panier. Mais il faut savoir que les meilleurs volaillers et charcutiers comme les Ets Mairet de Simard (71330) viennent aussi là pour acheter des lots entiers et qu'on les trouvera toujours sur leurs étals jusqu'au moment des fêtes. En laissant faire ceux qui savent, volailles et chapons sont bien gardés !

jeudi 4 décembre 2008

VILLAGES A TRUFFES

Ménerbes (84 – Vaucluse)

Ma grand-mère, qui avait été élevée à la campagne, ignorait totalement le luxe. Même si, pour "l'occuper", avec les autres gamins du village, en attendant le 1er octobre, jour de la rentrée des classes, on l'envoyait vendanger à Meursault (21 – Côte d'Or). Elle était "bourrrguignonne" et elle a mis du temps avant de seulement mettre son nez dans un verre du meilleur vin blanc du monde. Elle vendangeait, les propriétaires employait ainsi une main d'oeuvre gratuite qui fonctionnait au coup de pied aux fesses. Rentrée en classe, il n'était pas rare qu'elle fasse la vaisselle de la maîtresse, avec les autres filles, dont c'était le rôle avant tout à cette époque là.

Aujourd'hui, on dirait que c'est une forme d'esclavage. Non je n'exagère pas...
De la même façon – et ça, c'est tordant - elle brossait les truffes avec les autres gamins, toujours. Stupéfaite d'en découvrir les prix quand je lui en ai fait goûter chez les grands chefs, elle me confiait, espiègle, qu'avec les autres enfants, ils ne se donnaient le mal de les nettoyer que quand elles étaient parfaitement rondes. Si elles étaient un peu tordues ou trop petites, donc difficile à brosser convenablement, "on les jetait aux cochons !"

Sans doute les truffes en question étaient-elles des Tuber Uncinatum, celles que l'on trouve en Bourgogne à Noyers sur Serein (89 – Yonne), par exemple, classé parmi les Plus Beaux Villages de France et qui organise 3 Marchés aux Truffes, début novembre et les 7 et 21 décembre. Elle est excellente avec son parfum de sous-bois et son goût de noisette et moitié moins chère que la luxueuse Tuber Melanosporum. Une excellente alternative à la truffe chinoise qui envahit nos marchés.

70% de la production se trouve dans le sud de la Drôme et le Tricastin. Dans les ravissants villages de Ménerbes, (84 – Vaucluse), qui a installé le Musée de la Truffe et du Vin dans l'hôtel d'Astier de Montfaucon qui date des XVII et XVIIIème siècle, Gordes (84 – Vaucluse), Roussillon (84 – Vaucluse), et tout ce Luberon qui ne donne pas sa pleine mesure qu'en été.

Entre la St Sevrin (27 novembre) et la Saint-Joseph (19 mars), pleine saison de récolte de la truffe, les marchés battent leur plein. Comme à Richerenches (84 – Vaucluse) tous les samedis matins. C'est à ne pas manquer, car les chefs les plus étoilés s'y retrouvent. Même si le marché n'est pas très coloré comme le sont les marchés provençaux en été. On négocie les "diamants noirs" directement dans les coffres des voitures. On pèse avec une petite balance. On échange les poignées d'euros et on repart avec ses précieux achats dans un sac en plastique sali de terre. Vous pouvez participer à la fête en consultant le bel ouvrage intitulé "Richerenches la secrète – Marché en terre de truffes" qui vient tout juste de paraître chez La Muse Editeur. Il est vendu en librairie et directement en ligne. En revanche sur place, il ne faut pas manquer la Messe des Truffes qui se tiendra le 18 janvier 2009. La coutume consiste à remplacer les sous de la quête par des truffes. La paroisse de Richerenches et son curé sont plutôt opulents !

Photo Annick GuillaumePour en savoir davantage sur cette truffe d'exception, on profitera aussi d'un passage dans la région pour visiter la Maison de la Truffe et du Tricastin à Saint-Paul-Trois-Châteaux (26 – Drôme) et on se rendra, dans la foulée, à la fête de la Truffe qui se tient chaque année, le 2ème dimanche de février.
Les maisons d'hôtes dans la Drôme et le Vaucluse et bien sûr les établissements de luxe comme le Château de Rochegude (26 – Drôme), propose tous des week-ends "truffes" avec visite d'une truffière, "cavage" avec le chien et dégustation de menus truffes.

L'autre grande région de la truffe, c'est le Périgord. Les séjours et Marchés aux Truffes sont tout aussi dynamiques qu'en Vaucluse et nombreux sont les amateurs qui pensent, en toute bonne foi, qu'il s'agit de la région de production exclusive de la mélanosporum. Dans le ravissant village de Belvès (24 – Dordogne), à 35km au sud-ouest de Sarlat, on profite des week-ends " tout truffes" pour visiter les sites troglodytiques. Sur les Chemins de Compostelle, stop à Auvillar (82 - Tarn-et-Garonne) pour visiter le marché truffier de Lalbenque et de la maison Gaillard et séjourner dans le gîte d'étape d'Elsa et Manu ou chez Valérie Hartig, qui a abandonné la pression des grandes maisons étoilées pour reprendre l'hôtel-restaurant du village.

La truffe réinvestit depuis peu des terroirs où sa culture a été abandonnée (en fait, elle pousse où elle veut et ne se cultive pas, mais c'est en plantant des chênes truffiers ou même des cèdres comme en Auvergne à Saint Floret qu'on l'encourage). Depuis quelques années, des passionnés ont réinstallé une truffière dans le Bugey, à la sortie du village de Contrevoz. Sylvain Cochet, à l'auberge du village, s'attache à n'utiliser que celle-là dans sa cuisine et Nicolas Serrano parfume au jus de truffes noires le Reblochon fermier du menu spécial qu'il propose pour fêter la nouvelle année dans son restaurant "La Cigale d’Or" à Seillonnaz.