lundi 7 juillet 2008

LES SECRETS DE LA GLACE

J'ai eu l'occasion de rencontrer Luc Moreau il y a quelque temps et j'ai envie de parler de lui et de sa spécialité, pour le moins rare, depuis un moment déjà. Restait à trouver l'occasion... Luc est glaciologue indépendant, ce qui ne lui assure pas forcément des fins de mois confortables. Et comme il est aussi accompagnateur en montagne, c'est quand il balade curieux et touristes sur les sommets qu'il gagne sa vie. Peut-être peut on regretter que des organismes officiels ne lui permettent pas d'éviter d'avoir à tenir compte des contingences matérielles et qu'il ne puisse pas poursuivre ses recherches sans trop se poser de questions. Mais il aime peut-être aussi faire partager sa connaissance pointue au public (il ne me l'a pas dit...).

Tourangeau d'origine, il est titulaire d'un doctorat en géographie alpine et passe sa vie à l'écoute des grands glaciers de la planète. Il est intarissable au sujet du Groënland, une source d'eau douce tellement abondante qu'elle pourrait fournir toute la planète en eau potable et la désaltérer pendant des siècles (mais on fait quoi après ?) C'est donc ce scientifique éclairé qui emmène les touristes chaque mardi et jeudi matin à la découverte de la Mer de Glace et du glacier d'Argentière.

Même si la nature alentour, prairies alpines et forêts de conifères, limite entre les terres cultivables et la caillasse des sommets sont tout aussi intéressants à explorer, c'est quand Luc Moreau aborde les glaciers que les participants boivent ses paroles. A la pointe Hellbronner, premier sommet d'Italie à vol d'oiseau depuis l'Aiguille du Midi, il avait raconté que les preuves du passage du nuage de Tchernobyl au-dessus des Alpes était figées dans la glace et que l'on pouvait dater les couches de neige les unes après les autres.

Celui-là même qui a battu le record mondial de descente dans un moulin glaciaire à 213m (oppressant dit-il...) est bien conscient que le réchauffement de la planète fait reculer les glaces et qu'il s'agit là d'un phénomène fort inquiétant. Mais aussi que les glaciers sont extrêmement sensibles au climat et qu'ils ont tout de même gagné beaucoup de volume pendant le "petit âge glaciaire" de 1600 à 1850, quand les loups hantaient les campagnes, et aussi entre 1985 et 1990, ce que l'on sait moins...

Dans la même ligne, Sylvie Marcigny, diplômée elle aussi en géographie alpine et accompagnatrice en montagne, entraîne ses randonneurs sur une balade beaucoup plus longue le long du glacier de Bionnassay qui a, comme tous les autres, beaucoup de choses à raconter. On peut la suivre pour écouter ses passionnants commentaires, mais aussi prendre le Tramway du Mont Blanc qui part du Fayet (74-Haute Savoie) à 580m jusqu'au Nid d'Aigle à 2372m. Elle organise aussi des sorties botaniques à la découverte des plantes médicinales et culinaires...

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